Les débuts de la musique antillaise au Japon /

The Beginnings of French Caribbean Music in Japan


Miho WATANABE

Université de Waseda

Abstract 

This research analyzes the way in which Kassav, Malavoi and Kali were introduced when they arrived in Japan in the 1980s. Japanese audiences had to wait until the end of the 1980s to be put in direct contact with the music of Martinique and Guadeloupe. These musics joined the dynamics of the “World Music Boom” which developed in Japan during the economic bubble. The main Japanese label, Epic / Sony, commercially supported this movement under the name “World Music from Paris”. The groups Kassav’, Malavoi and Kali visited Japan during this decade and inspired the Japanese music scene by making it aware of the richness of its own culture.

 

En toute honnêteté, je n’avais jamais entendu parler du zouk alors que je vivais au Japon, pour la simple et bonne raison que j’étais encore enfant quand Kassav’ est arrivé chez moi. Mais dès que j’ai été initiée à cette musique, j’ai pu apprécier ses sonorités uniques et je me suis découvert pour elle une certaine passion. J’ai alors cherché à comprendre comment elle s’était propagée aux quatre coins du monde. Aujourd’hui, je souhaiterais vous parler de cette histoire : comment, il y a presqu’un siècle, les musiques de la Caraïbe ont fait leurs premiers pas au Japon.

Avant le xxᵉ siècle

Qu’ont en commun les Antilles et le Japon ? Tout d’abord, il s’agit d’archipels situés à l’est de grands continents : l’Amérique du Nord et l’Asie. Le Japon comprend quatre îles principales, Hokkaido, Honshu, Shikoku et Kyushu. Nous semblons être un petit pays sur la carte du monde, mais nous possédons quand même un total de 6 852 îles ! Tout comme les Antilles, nous sommes un archipel formant un paysage culturel riche et complexe. Après ces quelques éléments de géographie, permettez-moi de parler un peu de l’histoire japonaise, plus précisément, celle de l’importation des cultures étrangères.

En 1549, le missionnaire jésuite Saint François-Xavier visita Nagasaki, une ville de Kyushu faisant face à la mer de Chine orientale. Par son influence, le christianisme a commencé à s’établir. Et comme la religion va de pair avec la musique par ses hymnes et ses psaumes, ce fut ainsi que les rythmes occidentaux arrivèrent dans l’archipel japonais. Cependant, le gouvernement d’Edo[1], qui craignait l’expansion du pouvoir chrétien, décida un jour de fermer les frontières du pays, au milieu des années 1600. Dès lors, c’est comme si le Japon avait fermé ses portes : les personnes issues de pays chrétiens furent interdites de séjour, l’entrée et la sortie des Japonais furent réglementés de manière très stricte, de même pour le commerce international. En d’autres termes, le Japon limita l’importation de cultures étrangères pendant plus de 200 ans jusqu’à la signature du traité de paix avec les États-Unis en 1854. En 1868, avec la « Restauration Meiji[2] » nous avons finalement réouvert nos frontières et la culture occidentale commença dès lors à s’implanter dans l’archipel.

Dans les années 1930 : les rythmes caribéens s’implantent au Japon

 Comment les cultures de la Caraïbe ont-elles été importées au Japon ? Alors que le jazz était au rendez-vous dans les cabarets parisiens des années 1920, à l’autre bout du monde, le jazz, le tango et la valse étaient aussi joués dans des salles de danse à Tokyo, dans les années 1930. Les rythmes caribéens, tels que le son cubain et la rumba, ont également été introduits au Japon, grâce aux disques de musique cubaine et aux orchestres occidentaux s’en inspirant. On leur donnait, à cette époque, le nom collectif de « musique latine ». « El Manicero » datant de 1931, fut probablement le premier enregistrement de rumba au Japon[3].

C’était une chanson cubaine chantée par Rita Montaner en 1928 et qui a eu un grand succès. En 1930, l’orchestre Don Azpiazu[4] a aussi rencontré les faveurs du public à New York. On peut dire que cette chanson est la première musique caribéenne jouée par des Japonais, d’ailleurs les paroles sont traduites dans cette langue. Le mot espagnol « mani » qui signifie « arachides » a une sonorité similaire à celle de « mame », qui signifie la même chose en japonais. Cet enregistrement est alors joué par un groupe de jazz dirigé par Koseki Roy, un Américano-japonais. Les castagnettes semblent remplacer des percussions caribéennes telles que les maracas, claves et bongos.

En 1937, le Quintette national cubain[5] est invité à la salle de danse « Florida » à Tokyo. Le japon signe une convention diplomatique avec Cuba en1929. Le titre de la chanson est « Yasugi Rumba ». « Yasugi » est le nom du village de la préfecture de Shimane qui se situe au sud de Honshu au Japon. Il est célèbre pour « Yasugi-Bushi », une chanson folklorique que l’on chante en pêchant des loches. « Ara Essa Sa », c’est l’appel pour dire qu’on a attrapé des poissons dans ses paniers. Le Quintette National Cubain a ainsi joué de la Rumba avec une chanson folklorique japonaise.

Dans les années 1950 : « le biguine »

En 1940, juste avant le commencement de la Seconde Guerre Mondiale, les salles de danse furent fermées, et la danse, de manière générale, fut interdite au Japon. Peu de temps après la fin du conflit, en 1945, des dancings pour les militaires américains furent ouverts, puis des dancings pour les japonais ouvrirent à chaque coin de rue. Les salles de danse poussaient comme des champignons après la pluie, car tout le monde avait envie de se divertir après des années aussi difficiles. En effet, comme il n’y avait eu que des chansons militaires ou que des chansons en rapport avec l’effort de guerre pendant les dernières années, cela a dû être un bouleversement (et un soulagement !) de pouvoir écouter et chanter du jazz, de la chanson, de la rumba, du mambo, du calypso, du chachacha, etc. À la fin des années 1950, « Le Biguine » fut utilisé dans des chansons populaires, telles que « Le beguine du crépuscule (Tasogare no biguine[6]). » Ces musiques furent composées par Hachidai Nakamura qui jouait souvent « Begin the Beguine » la chanson à succès de Cole Porter, alors qu’il était pianiste de cabaret au début des années 1950. Il a imité la tonalité de la chanson, sans pour autant la copier.

Cette chanson ne fut pas très connue à l’époque, mais dans les années 1990, la chanteuse populaire Chiaki Naomi en a fait une reprise et l’a rendue plus célèbre. La musique des Antilles « Biguine » a ainsi rencontré le succès au Japon à la suite du « Begin the Beguine » de Cole Porter.

La fin des années 1980 : le « world music boom »

Jusqu’ici, nous avons suivi l’arrivée de la musique caribéenne au Japon, des années 1930 aux années 1950. Les rythmes de la Caraïbe ont été utilisés de diverses manières dans les chansons pop, même après les années 1960, mais les auditeurs japonais durent attendre la fin des années 1980, pour être en contact direct avec la musique martiniquaise et guadeloupéenne, qu’ils purent écouter à la radio ou dans des magasins de CDs. Le phénomène mondial du « World Music Boom » se développa ainsi au Japon, en pleine période de la bulle économique.

Selon le musicologue japonais Yusuke Wajima, le mot « musique du monde » utilisé dans le domaine de la musique populaire, est une catégorie pour la distribution de musique non traditionnelle et non occidentale dans le contexte de la musique populaire de 1987. L’industrie musicale britannique, telle qu’Island Record, a lancé le succès mondial de Bob Marley et King Sunny Adé du Nigéria, ainsi que le label indépendant « 4 AD » qui a produit « Bulgarian Voice ».

D’autre part, il a une origine différente du concept de « World Music », « musique du monde » prôné dans l’ethnomusicologie américaine des années 1960, qui montre la musique de toutes les époques et de toutes les régions existant sur terre, capturée dans une perspective de relativisme culturel.

Dans ce cas, la « World Music » dans le sens premier du terme, provoqua un grand boom au Japon de 1989 à 1992. Cependant, lorsqu’elle a été importée dans ce pays, elle a souvent été considérée comme un phénomène de mode venu de Paris.

Par exemple, les artistes suivants du principal label japonais, Epic / Sony, ont été commercialisés sous le nom de « World Music from Paris » : Gipsy Kings d’Arles en France, 3 Mustaphas 3 inspiré par la musique des Balkans, le Marocain Cheb Kader, né à Oran en Algérie et originaire de France, Joelle Ursull de la Guadeloupe et le groupe Kassav. On peut dire que c’était la première fois que la musique de personnes issues de l’immigration ou d’ex colonies, était introduite en masse au Japon, en tant que musique populaire.

Cependant, dans la presse au Japon, elle était traitée comme une musique « à la mode » qui dépouillait de son contexte, et colorait temporairement le paysage de la ville de Paris, tout en se diffusant dans le monde entier. À ce moment-là, des critiques musicaux décrivirent la « World Music » comme un phénomène de courte vie, qui n’était pas amené à durer.

1988 : les débuts de Kassav’ et du zouk au japon

 C’est après le grand Boom de la « World Music », que nous assistons à l’apparition de Kassav’. Au Japon, c’est le magazine de musique populaire Music Magazine[7] et le magazine de musique latine « Latina[8] » qui ont activement présenté le zouk et Kassav en tant que musique de pointe. Aussi loin que j’ai pu le vérifier dans les archives nationales japonaises, les mots « zouk » et « Kassav » sont apparus pour la première fois dans le numéro de septembre 1987 du magazine « Latina ». Toshihiko Tsushima, distributeur de musique japonais et écrivain basé à Paris, était sur le point de faire état de la grande vague de zouk et de Kassav. En outre, dans le numéro d’octobre de la même année de « Music Magazine », Masahiko Ebihara écrivain japonais a présenté Kassav en détail ainsi :

Kassav’ a essayé d’ajouter des sons modernes aux rythmes traditionnels de la Guadeloupe et de la Martinique en utilisant les dernières technologies audio. Le fait qu’ils enregistrent leur musique en studio avec des instruments modernes comme le synthétiseur est une première dans la musique des Caraïbes. L’approche du rythme traditionnel est également un facteur majeur qui caractérise le zouk. Le zouk est généralement appelé le renouveau de la Biguine, mais il existe plutôt un facteur populaire dans l’introduction de synthétiseurs basés sur les rythmes de « Gwo ka » et de « Ti bwa ». Donc, si nous définissons le zouk, on peut dire que c’est un renouveau du rythme traditionnel sur le son ultra-moderne, et non le descendant direct de la Biguine. 

Kassav’ donna un concert réussi à Paris cette année, signa un contrat avec la chaîne de télévision française CBS et sortit l’album « Vini Pou[9]. » Au Japon, l’album est sorti chez Epic/Sony en version japonaise, en avril de l’année suivante. Il comprend des traductions japonaises de paroles en créole. Deux mois plus tard, en juin, Kassav’ est venu au Japon et a donné trois concerts à Tokyo. Le concert a eu lieu le 10 juin à l’hôtel Pacific Shinagawa Hall et les 11 et 12 juin, à l’amphithéâtre Hibiya (une salle extérieure d’une capacité d’environ 3 000 personnes[10]).

Bien que le public japonais qui a assisté au concert de Kassav’ et a écouté du zouk pour la première fois semble montrer des signes de confusions, le rythme a peu à peu gagné la foule qui s’est mise à danser. Nous pouvons voir des membres de Kassav’ essayant de communiquer avec des Japonais en créole, comme s’il s’agissait d’une langue universelle, que l’amour de la musique rendait intelligible de tous. Ce concert semble avoir eu un impact important sur les auditeurs japonais. Laissez-moi vous lire les critiques de ce concert :

Ils étaient attirés par le fait qu’ils choisissaient les termes communs de multiples éléments de la musique et s’exprimaient de manière simple, plutôt que d’exprimer des nuances complexes. Ils étaient comme un stand de rue dans lequel ils fabriquent divers ingrédients délicieux des Caraïbes et d’Afrique. Je sentais leur convivialité et leur envie de partager cette nouveauté. Tandis que certaines musiques des Caraïbes deviennent de plus en plus exclusives à mesure qu’elles se purifient, nous nous sentions heureux d’entendre le « flou » présenté par le zouk[11]: « Le zouk convenait parfaitement au hall en plein air de Hibiya, entouré de bâtiments. Il correspondait à l’espace naturel artificiel à ciel ouvert au milieu de la métropole high-tech[12]. »

Il ne fait aucun doute que c’était la première fois que les auditeurs japonais écoutaient une telle musique, combinant les sons de synthétiseurs et les rythmes traditionnels des Antilles, ainsi que les paroles et les appels en créole.

Malavoi et Kali arrivent au japon

Malavoi est arrivé au Japon l’année suivante, en 1989. Au Japon, Malavoi était souvent comparé à Kassav’. Si Kassav’ était la « nouvelle vague », Malavoi était un groupe qui valorisait la musique traditionnelle. Toyo Nakamura, critique de musique, le décrit comme « le groupe post-moderne qui a un lien direct avec le pré-moderne ».

L’anthropologue culturel japonais Masao Yamaguchi s’est entretenu avec Mano Césaire, membre de Malavoi, et a déclaré qu’il pouvait ressentir l’atmosphère de la musique cubaine des années 1930 et de la musique européenne des années 1940 de Malavoi. Mano Césaire affirme que leur musique forme une grande famille avec la musique cubaine. Yamaguchi a déclaré : « En écoutant Malavoi, nous, les Japonais, avons enfin compris que la « rumba » et le « cha cha cha » ne venaient pas des États-Unis, mais des Caraïbes. »

Un autre artiste martiniquais à être allé au Japon en 1991 est Kali[13]. Il était en couverture du Music Magazine, numéro spécial sur la musique caribéenne. L’écrivain Ebihara a accordé une interview à Kali pour tenter de trouver le rythme de la « biguine » dans les anciennes couches de la musique de Kali. Mais ce que Kali a montré, c’est 14 rythmes: « chouval-bwa », « mazurka », « bèlè », « bèlè-pitché », « grand bèlè », « bélia », « kalenda »… et ainsi de suite. En outre, Kali a clairement montré qu’il s’inspirait de la musique reggae de Bob Marley. Ebihara a remarqué que leur musique ne pouvait être comprise que si elle étendait ses horizons à l’ensemble des Caraïbes et de la Martinique.

En outre, l’écrivain Katsunori Tanaka a déclaré :”Nous sommes maintenant à l’heure de nous éloigner des États-Unis et de communiquer avec le monde entier pour écouter le caractère unique de la variété de la musique des Caraïbes”[14]. Ainsi, en nous imprégnant de la musique de Kali et de Malavoi, nous avons saisi l’idée du groove  pan-caraïbe.

Impact du zouk sur les musiciens japonais

Nous avons montré jusqu’à présent les réactions des critiques japonais. Mais quelle a été l’influence de la musique antillaise sur les musiciens japonais ? À la fin des années 1980, le « Band Boom » se produisait au Japon en même temps que le « World Music Boom ». Les groupes de rock indépendants avaient l’intention de faire des débuts remarquables avec des apparitions à la télévision.

Par exemple, « Jagatara » est un groupe japonais qui a fait ses débuts en 1979 et qui a rapidement adopté le beat africain avec de la musique punk. Il a fait ses débuts majeurs en 1989. Le guitariste de ce groupe qui s’appelle « Oto », avait enregistré avec des musiciens africains à Paris. Malheureusement, en 1990, Edo Akemi, le chanteur du groupe est décédé à la suite d’un accident, ce qui mit fin au groupe.

Par contre, le groupe indie « Kusu Kusu », produit par le batteur de « Jagatara » Teiyu Nakamura, est un groupe influencé par le zouk et Kassav. Le groupe apparaît dans « Music Magazine » en décembre 1989 sous le titre « Exploiter le pouvoir absorbant du zouk, Lingala et toute autre chose ». Ils ont dit : « Nous avons été impressionnés par le concert de Kassav. Nous avons pensé que c’est ce que nous voulions faire »[15].

Les paroles, « Sun High » ont un double sens. D’abord, vous reconnaissez les mots anglais « Soleil » et « Haut ». Pour les Japonais, il y a une autre interprétation auditive possible : le mot « Sun » ressemble à « San » qui veut dire le chiffre « 3 », et « High » est semblable au mot « Hai » en japonais qui veut dire « Oui » dans cette langue. Et en japonais on dit « 1, 2, 3, Hai ! ». Lorsque nous voulons dire «Un, deux, trois, prêt, partez ! ». Ne pensez-vous pas que le titre de cette chanson ressemble à « Zouk la sé sèl médikaman nou ni » de Kassav ? On voit donc bien l’influence de Kassav’ sur ce groupe japonais. « Kusu Kusu » a fait ses débuts avec un album en 1990, mais ils ne sont plus actifs depuis plusieurs années.

Le « World Music Boom » et le « Band Boom » au Japon

Vers 1992, les « World Music Boom » et « Band Boom » au Japon ont pris fin avec l’effondrement de la bulle économique. Cependant, nous voudrions considérer ce phénomène d’un autre point de vue, et pas seulement comme un boom, mais comme un fait temporaire. En effet, il est important de noter que certains musiciens et auditeurs japonais ont pu se rendre compte de l’existence de musiques issues de la rencontre entre culture locale et colonisation, grâce au « World Music Boom » comme dans l’exemple de la musique antillaise. De ce fait, ils ont réévalué la musique indigène traditionnelle japonaise avec de nouvelles valeurs.

Par exemple, prenons le cas de la musique d’Okinawa. Okinawa était le « Royaume Ryukyu », un état indépendant jusqu’au XIXᵉ siècle. Devenue préfecture[16] d’Okinawa au Japon en 1879, elle avait été occupée par les États-Unis après la Seconde Guerre mondiale, puis rétablie en 1972 comme nouvelle préfecture d’Okinawa. La langue d’Okinawa est appelée « Uchinaguchi ». Le groupe « Rinken Band » d’Okinawa a été créé en 1977, dans le but d’innover sur la scène musicale d’Okinawa, en mélangeant des instruments traditionnels d’Okinawa avec des instruments modernes. Ils ont fait leurs débuts au Japon en 1987, et le renouveau de la musique d’Okinawa a été reçu, avec enthousiasme, par les auditeurs japonais, même ceux qui ne sont pas originaires de ces îles.

Un autre exemple est le « Chindon », la musique de rue traditionnelle japonaise. C’est une musique que l’on joue pour faire de la publicité lors de l’ouverture d’un nouveau magasin, on y entend de la batterie et des instruments à vent. On dit qu’elle existe depuis la période Edo. En 1991, le « World Music Boom » entraîna la revalorisation de cette musique traditionnelle. Elle fut enregistrée sur CD par Masami Shinoda, un saxophoniste de « Jagatara », qui malheureusement est décédé en 1992. La traduction anglaise est incluse dans le CD, ce qui montre que la tradition locale est toujours vivante. De nos jours, certains groupes de « Chindon » jouent la musique de Roma et Klezmer comme un nouveau style de musique de rue.

Conclusion

Comme nous l’avons mentionné ci-dessus, la « World Music Boom » et la musique antillaise ont d’abord permis au public japonais de comprendre que la musique du monde ne vient pas uniquement des États-Unis. En parallèle, ces cultures musicales ont permis de donner un nouveau souffle à la musique traditionnelle japonaise. Enfin, un point fondamental a été la découverte du mélange de cultures à travers la créolisation et les divers rythmes des Caraïbes.

La visite de Kassav’ au Japon en 1988 a été un événement pionnier du « World Music Boom » et a eu un impact énorme sur le Japon, mais au cours des quarante années suivantes, le Zouk n’a pas été en mesure de s’installer et d’infiltrer le grand public japonais. À cette époque, le public japonais était surpris de la fusion par la fusion du son du synthétiseur numérique et des rythmes traditionnels, si je puis dire. Cependant, de nos jours, certains jeunes qui sont familiers avec le son numérique ont de nouveau réalisé l’attrait de Kassav’ et du Zouk sur Internet et dans les clubs. 

Kassav’ a visité le Japon lors d’une tournée mondiale le 21 octobre 2019 et des discussions à la radio japonaise et sur les médias Internet étaient prévues, mais malheureusement, cela ne s’est pas réalisé. J’espère que Kassav reviendra au Japon.

Bibliographie

Cally Sully, Musiques et danses afro-caraïbes, Paris, Éditions Caribéennes, 1990, 221 p.

Jocelyn Christopher, La face caché du Zouk, Waka Film Édition, 2019, 72 p.

Masahiko Ebihara, Karibukaino Shinseiryoku : Zouk, Compas

Zouk / Kampa, nouvelle puissance caribéenne, Music Magazine, S.A. Music Magazin, 1988 juillet.

Masahiko Ebihara, « La nouveauté de Zouk qui relie naturellement diverses musiques », Interview de Kassav, Music Magazine, S.A. Music Magazine, Août 1988.

Masahiko Ebihara, « Des couleurs élégantes qui tissent à travers

l’histoire et la localité: Le mystère de la musique de Martinique

exploré par le dialogue avec Kali », Noise, vol.10 S.A. Music

Magazine, 1991 winter.

Takayuki Nakamura, Karibu Sekairon, (livre qui traite d’une histoire

politique et culturelle des Antilles françaises), Kyoto ; Éditions

Jinbun Shoin, 2013.

Toyo Nakamura, « Ma première expérience du concert de Zouk a été légère », Music Magazine, S.A. Music Magazine, août 1988.

Takahashi Kentaro, Miho Watanabe, « Les miracles de Kassav », web

Cinra, 15. Oct. 2019, https://www.cinra.net/interview/201910

Takahashiwatanabe_ kngsh

Tanaka Katsunori, « “Le fil rouge” se propage des Caraïbes au

monde », Noise, vol.10, S.A. Music Magazin, 1991 winter.

Toshio Tsushima, « French Karibian no Atarashii Nami, Une

nouvelle vague des Antilles », Music Magazine, S.A. Music

Magazine, septembre, 1987.

Yamaguchi Masao, « Entretien de Yamaguchi Masao avec Mano

Césaire », Music Magazine, S.A. Music Magazine, Tokyo, Décembre 1989.

Yusuke Wajima, « World Music » au Japon, Sekai Ongaku no Hon, Tokyo : Iwanami, 2007.

Watanabe Miho, « Kassav: Visite au Japon pour la première fois en 31

ans », Web ele-king, 17. Oct. 2019.

http://www.eleking.net/news/007170/

•••••••••••

[1] La période Edo (1603-1868) était une période où le shogunat Tokugawa dirigeait le Japon.

[2] La restauration Meiji est une grande série de restaurations effectuées par le Japon au début de la période Meiji. Il couvre un large éventail de domaines, notamment le gouvernement central, le système juridique, les finances, la distribution, l’industrie, l’économie, la culture, l’éducation, la diplomatie, la religion et la réforme de la politique.

[3] Iron Mask, « Nankin mame uri », El manicero, Composition de Moises Shimon interprétée par Rita Montaner, Colombia Records La Havane, 1927-1928. Performance: Koseki Roy Jazz Band, 1931.

[4] Don Azpiazú (1893-1943) était un chef d’orchestre cubain de premier plan dans les années 1920 et 1930. Son groupe a présenté la musique de danse cubaine et les instruments de musique cubains à un large public aux États-Unis.

[5] Quintette National Cubain, « Yasugi Rumba », Polydor, 1937.

[6]Mizuhara Hiroshi, « Le beguine du crépuscule » (Tasogare no biguine), Composition : Nakamura Hachidai, Paroles : Rokusuke (Ei), Toshiba, 1959.

[7] Mensuel japonais consacré à la musique, édité par Music Magazine Inc.. Le magazine a été fondé en avril 1969 sous le titre « New Music Magazine » ; il présente la musique pop nationale et étrangère.

[8] Mensuel japonais consacré à la musique, édité par Latina co. Itd.. Le magazine a été fondé en 1952 ; Il présentait de la musique du monde entier, en particulier d’Amérique latine et des Caraïbes. Il a été abandonné en avril 2020.

[9] Kassav, « Vini pou », Vinyle, Label Epic, 1987.

[10] Kassav au Japon, Hibiya, Salle de musique en plein air, Concert Juin 1988.

[11] Masahiko Ebihara, « Karibukaino Shinseiryoku: Zouk, Compas », Music Magazine, S.A. Music Magazin, 1988 juillet.

[12] Toyo Nakamura, (article qui fait une review de Kassav concert), Music Magazine, S.A. Music Magazine, août 1988.

[13] Pseudonyme de Jean-Marc Monnerville, né le 25 février 1959 à Fort-de-France (Martinique), est un auteur-compositeur-interprète français. Il a représenté la France au Concours Eurovision de la chanson 1992 (Source Wikipedia).

[14] Katsunoni Tanaka, « Le “fil rouge” se propage des Caraïbes au monde », Noise, vol.10 (numéro spécial sur la musique caribéenne), S. A. Music Magazine, 1991 winter.

[15] Kusu Kusu, Sun High, Live at Budokan, Video, Tokyo, 1990.

[16] Département, circonscription administrative et territoriale.