Michael Jackson ‘s artistic contributions:
another perspective
Issue edited by Isabelle PETITJEAN
The number of academic studies on Michael Jackson has increased in recent years, probably coinciding with a growing awareness of his impact on the music industry, the history of music and society, and a growing interest in him from the cultural studies perspective. However, many of the studies on Jackson have focused less on his artistic contributions than on issues related to his physicality and his racial or gender positioning.
By devoting a special issue to Michael Jackson, NaKan wanted to propose to shift this gaze and this cluster of approaches too often centered on the social sciences to generate a reflection more focused on the work and the mediums of expression of the artist, as many channels offering a possibility of contextualizations and historical and stylistic analysis. The challenges of this edition have been met, since it is nourished by contributions that have been able to focus on the work and offer disciplinary or multidisciplinary analyses of the artist’s musical and visual production, per se. And this was indeed the challenge of the proposed lines of research.
The specialists and academics who responded to the call for this second issue of NaKaN come from Europe (France, Italy, the West Indies) and the American continent (Canada, United States). Their fields of investigation cross musicological, choreographic, scenographic, cultural and sociological approaches, pointing out, once again, the multiplicity of readings and questions generated by the artistic and human hieroglyph that was Michael Jackson. These studies enrich the understanding of a sound and visual heritage as much as a legacy that continues to inspire new generations. They will undoubtedly provide a basis for further research and nourish the academic foundation of the multidisciplinary corpus left by the artist.
The first part of our issue focuses on pure or transdisciplinary musicological dimensions: Guillaume Deveney analyzes the internal compositional and structural strata of Jackson’s work, notably through the title “Wanna be startin’ somethin'”, by placing it in the context of amplified music from which it originated and whose reappropriation by Jackson has had an impact on the artists who have succeeded him. Mathilde Recly explores the complexity of Jacksonian vocal technique through the identification of “personalities” and his distinctive use of phonostylistic effects, which have become key vectors of the singer’s expressive palette. The voice is also a central element of Fabio Pastore’s study, which focuses on the ambivalence of the female figure, seductive and fascinating on the one hand, and a source of anxiety and paranoia on the other. Through a corpus of 5 songs, he observes, for this purpose, precise parameters of its vocalization (phonological, syntactic and pragmatic dimensions) but also the narratological and textual framework and the live staging of these titles.
Buata Malela takes an in-depth look at a recurrent practice of Michael Jackson’s, the artistic recoding by resemantization and visuality, through his emblematic cover of “Come together”, and deciphers the modalities that lead to its resignification within a logic that is specific to the artist. Isabelle Petitjean proposes a musical, textual and scenic analysis of “Will you be there” in order to highlight the way Jackson uses music and the stage as a space to convince and transmit a charismatic message, with the help of sound and iconographic cues from the liturgy.
The second part of our issue focuses on the visual dimension of the artist and opens with a choreographic and didactic exploration by Aurélie Doignon, who analyzes the link between Michael Jackson, street dances, hip-hop and sabar dance in Senegal, and studies the modalities of his indirect choreographic transmission. The phenomenology of Michael Jackson’s successful artistic career is the focus of Luca Izzo’s article, which concentrates on reconstructing and demonstrating how Jackson was inspired not by mainstream trends, but by his ideal as an artist, perhaps of the “Renaissance” variety, as well as by the desire to produce an expression of “total art.” Finally, from a more identity-based perspective, Zada Johnson offers, through the visual representations of “Remember the Time,” an analysis of the Afrocentric discourse and social commentary on racial marginalization that affected, at the time, particularly the entertainment industry. Elizabeth Amisu closes this issue by examining the interpretation and transitional meaning of Michael Jackson’s performance of high-level blackness through two visual productions. Indeed, her article seeks to make explicit the workings of this performance as well as its connections to both early modern representations and notions of race and ethnicity.
Les apports artistiques de Michael Jackson :
un autre regard
Sous la direction d’Isabelle PETITJEAN
Le nombre des études universitaires portant sur Michael Jackson s’est accru ces dernières années, coïncidant sans doute, tout à la fois, avec une prise de conscience de son impact au sein de l’industrie musicale, de l’Histoire de la musique et de la société, et un intérêt croissant développé à son égard par les cultural studies. Pour autant, nombre des études le concernant ciblent bien moins ses apports artistiques que des problématiques liées à sa corporalité et à son positionnement racial ou genré.
En consacrant un numéro spécial à Michael Jackson, NaKan a voulu proposer de décaler ce regard et ce faisceau d’approches trop souvent centrées sur les sciences sociales pour générer une réflexion davantage tournée vers l’œuvre et les médiums d’expression de l’artiste, comme autant de canaux offrant une possibilité de contextualisations et d’analyses historiques et stylistiques. Les défis de cette édition ont été relevés puisqu’elle se voit nourrie de contributions qui ont su se concentrer sur l’œuvre et offrir des analyses disciplinaires ou pluridisciplinaires de la production musicale et visuelle de l’artiste, per se. Or, c’était bien là tout l’enjeu des pistes de recherche qui avaient été proposées.
Les spécialistes et universitaires qui ont répondu à l’appel de ce deuxième numéro de NaKaN sont issus d’Europe (France, Italie, Antilles) et du continent américain (Canada, États-Unis). Leurs champs d’investigation croisent des approches musicologiques, chorégraphiques, scénographiques, culturelles et sociologiques, pointant, une fois de plus, la multiplicité des lectures et des questions générées par le hiéroglyphe artistique et humain qu’était Michael Jackson. Ces études viennent enrichir la compréhension d’un patrimoine sonore et visuel autant qu’un legs qui continue d’inspirer les nouvelles générations. Elles seront, sans nul doute, une base de réflexion pour mener plus loin les recherches et nourrir l’assise académique du corpus pluridisciplinaire laissé par l’artiste.
Le premier volet de notre numéro s’intéresse à des dimensions musicologiques pures ou transdisciplinaires : Guillaume Deveney y analyse les strates compositionnelles et structurelles internes de l’œuvre de Jackson, notamment au travers d’un titre « Wanna be startin’ somethin’ », en la plaçant dans le contexte des musiques amplifiées dont elle est issue et dont la réappropriation par Jackson a impacté les artistes qui lui ont succédé. Mathilde Recly explore, au sein de trois chansons phares, la complexité de la technique vocale jacksonienne par le biais de l’identification de « personnalités » et de l’usage distinctif qu’il fait d’effets phonostylistiques, devenus des vecteurs clés de la palette expressive du chanteur. La voix est également un élément central de l’étude de Fabio Pastore, qui porte sur l’ambivalence de la figure féminine, séductrice et fascinante d’une part, source d’angoisse et de paranoïa d’autre part. Au travers d’un corpus de 5 chansons, il observe, pour ce faire, des paramètres précis de sa vocalisation (dimensions phonologiques, syntaxiques et pragmatiques) mais aussi la trame narratologique et textuelle et la mise en scène live de ces titres.
Buata Malela s’intéresse en profondeur à une pratique récurrente chez Michael Jackson, le recodage artistique par resémantisation et visualité, au travers de sa reprise emblématique de « Come together », et décrypte les modalités qui aboutissent à sa resignification au sein d’une logique qui est propre à l’artiste. Isabelle Petitjean propose une analyse musicale, textuelle et scénique de « Will you be there » afin de mettre en évidence la manière dont Jackson utilise la musique et la scène comme un espace pour convaincre et transmettre un message charismatique, à grand renfort de signalétiques sonores et iconographiques issues de la liturgie.
Le deuxième volet de notre numéro s’attache à la dimension visuelle de l’artiste et ouvre par une exploration chorégraphique et didactique signée par Aurélie Doignon, qui analyse le lien entre Michael Jackson, les danses de rue, le hip-hop et la danse sabar au Sénégal, et s’attache à étudier les modalités de sa transmission chorégraphique indirecte. La phénoménologie liée au succès de la carrière artistique de Michael Jackson est au cœur de l’article de Luca Izzo, qui se concentre sur la reconstitution et la démonstration de la façon dont Jackson a été inspiré non pas par les tendances dominantes, mais par son idéal d’artiste, peut-être de type « Renaissance », ainsi que par le souhait de produire une expression d’ « art total ». Enfin, sous un angle plus identitaire, Zada Johnson propose, au travers des représentations visuelles de « Remember the time », une analyse du discours afrocentrique et des commentaires sociaux sur la marginalisation raciale qui touchent, alors, notamment l’industrie du divertissement. Elizabeth Amisu, quant à elle, clôt cette édition en examinant l’interprétation et la signification transitoire de la performance de la noirceur de haut niveau de Michael Jackson, au travers de deux productions visuelles. En effet, son article s’attache à expliciter le fonctionnement de cette performance ainsi que les liens que cette dernière entretient autant avec les représentations des débuts de l’ère moderne qu’avec les notions de race et d’ethnicité.