Mirna BOLUS
Université des Antilles (INSPE de Guadeloupe)
For the past forty years, zouk has become a major social phenomenon in Caribbean culture. As such, it is proving to be an unexpectedly rich object of study for educational profesionals. By connecting the fields of sociolinguistics and teacher training, we see the value of integrating this music and the texts it carries in a reflection aimed at building a new didactic framework. Indeed, given a young audience, the notoriety of the song writers and performers, and the knowledge and familiarity of melodies and rythms make it possible to put an original textual study into perspective. Inroducing the study of zouk in school therefore seems to be a fruitful path for the future.
Zouk-la sé sèl médikaman nou ni …
Le zouk, notre seul et unique remède…
Lorsque, à l’aube des années 1980, le zouk fait son apparition sur les ondes, le public guadeloupéen lui accorde une pointe de curiosité et l’accueil de ce nouveau genre est mesuré. Depuis qu’on a accepté le zouk comme « seul remède », n’en déplaise à certains, l’intérêt pour cette musique s’est transformé en un réel et indiscutable enthousiasme. En Guadeloupe, à l’instar du gwoka, la valeur identitaire du zouk s’est progressivement établie et est maintenant largement reconnue. Jusqu’à présent les études qui lui étaient consacrées relevaient principalement du champ de la musicologie[1] Sans négliger l’intérêt de ces premières approches, le présent travail examine, à son tour, la question de l’opportunité de la didactisation du zouk. On aborde donc bien ici l’entrée du zouk à l’école dans une perspective pédagogique. Le développement académique de la discipline Langue vivante régionale, plus communément nommée Langue et culture régionales, soulève parallèlement la problématique cruciale des thèmes, objets et supports jugés dignes d’être classés dans des apprentissages et inscrits aux programmes. Le zouk, phénomène culturel majeur des quarante dernières années, se révèle un objet d’étude d’une richesse extrême pour les éducateurs et autres enseignants. Aussi, alliant la recherche créolistique à la perspective de la formation des enseignants, nous pensons qu’il convient d’accorder à ce genre musical une attention et une réflexion participant de la construction d’une didactique nouvelle. Cette démarche révèle la véritable mine que constitue un corpus jusqu’alors sous-évalué, voire ignoré. Introduire l’étude du zouk à l’école nous semble ainsi une direction prometteuse et même féconde. Notre contribution adoptera un rythme ternaire : d’abord nous relevons la diversité thématique des chansons antérieures aux années 2000 et nous la croisons avec le catalogue des thèmes et notions de la discipline LVR. Puis, nous entrons dans la sphère linguistique et nous nous intéressons au créole employé par les auteurs des textes. Enfin, nous nous interrogeons sur les enjeux et les perspectives d’une didactique de la LVR intégrant le zouk.
Il faut donc réfléchir par soi-même et trouver le moyen, avec notre propre expérience et celle indirecte des autres pays, d’apporter une contribution originale à la civilisation mondiale, sur le plan de l’organisation sociale, du développement et de la culture.
Cyril Raoul Serva, journal Jougwa n°3 – décembre 1979
[1] Guilbaut 1985, Conrath 1987, Henderson 1998, Berrian 2000, Debs 2011, Salzedo 2014, Désert 2018.
Zouk is primarily a dance music, and its rhythm is more important to its French Caribbean listener than the lyrics. Consequently, people are quick to say that Kassav’s songs are nonsensical and “lightweight”. As soon as one pays attention to Kassav’s compositions, it is obvious that great care is allocated to the wording. The songs’ themes range from nostalgic references and a longing for one’s island landscape to social commentary, male/female relationships, and harmony and hope[1].
Comme le souligne l’ethnomusicologue, ce serait une erreur que de négliger les textes de zouk, comme ceux d’une musique populaire sans ancrage culturel ni enjeu social. Il faut absolument se garder de survoler les textes du groupe Kassav’ et de les considérer comme l’expression banale de thèmes éculés, faute d’inspiration. Les premiers disques, remarqués sans doute à cause de leurs airs entraînants, recèlent souvent des hommages rendus à ceux qui ont fait vivre la musique, notamment en Guadeloupe, et ont contribué à faire naître chez la jeunesse non oisive de l’époque, l’envie de reconsidérer un héritage, une tradition musicale, tout en créant un son nouveau. Parmi les riches et multiples influences, une place centrale est faite au tambour « ka », comme le notent différents auteurs (Guilbault, 1993, Berrian, 2000, Désert, 2018). Une jeunesse qui sent que le pays se transforme et qui refuse de tomber dans les travers d’une modernité venue d’ailleurs. Une jeunesse qui comprend qu’une nouvelle valeur doit être accordée à la culture, avec notamment le gwoka et le mas du carnaval qu’on retrouve par exemple dans l’album Love & Ka dance (1979), le désir de liberté avec Lagué-moin[2] (1980) ou encore la prise de conscience qu’il faille résister face à l’adversité et faire preuve de solidarité avec Kalagia, (« Kalagya soné / toutmoun ké rété kouté / nenpòt koté yo yé / pou yo pé sonjé / sé-w pou yo pa oubliyé / Kalagya soné/ soné/ soné san rété/ pou nou pé sa rasanblé toutsa ki garé é ki ja bouzwen viré /Si mwen ka di-w soné /sé pas an rimaké/ ki lè an ka soufè /sé ou an ka kouté pou mwen rivé / oubliyé lé « difficultés »). Cette solidarité qui l’empêchera de tomber même si elle vacille. Vaciller, certes, mais ne surtout pas tomber, comme le rappelle la chorégraphe Léna Blou[3] à travers le concept de bigidi observé dans les léwòz[4] :
Je remarquais que tous ces “Bigidi” conjugués pouvaient à tout moment provoquer la chute finale et fatale chez le danseur. Pourtant, jamais le corps du danseur de “Léwòz” ne touchait le sol, quelque soit l’ultime geste de déséquilibre qu’il pouvait exécuter. Je trouvais cette gestuelle fascinante, car ce corps qui se fige dans un silence habité, pour reprendre aussitôt dans une frénésie folle, en apparence à la dérive, titubant, chancelant dans un déplacement au gré du rythme de l’instabilité, frôlant la terre, en suspens de la chute finale. C’est comme si le corps était vrillé, fixé sur son ancrage personnel, repère infaillible de son identité intrinsèque et que d’emblée avec une apparente facilité, il pouvait exceller dans l’art du déséquilibre, grâce à ce verrou de sécurité qui le maintenait debout même s’il était disparate.
C’est là la grande habileté du danseur de gwoka, admiré autant que les tanbouyé par cette jeunesse. À travers le zouk, il est alors question de soigner aussi bien la musique, le son que les paroles, le texte. La musique, et plus encore les paroles, sont le moyen de passer des messages à un individu en particulier (West Indies, P. Saint-Éloi :
« Adan on péyi konsa sé la tousèl mwen té pé rankontré-w / Lè mwen santi on ti lodè vaniy, mwen savé sé-w ki ka vini doudou / Pli dous ki vou man poko j’en touvé, mwen pa kwè kè sa ègzisté doudou ») ou à tous, c’est-à-dire à l’ensemble de la société (Nouvèl, P-É. Décimus, « Atansyon, atansyon, lè moun isi ka bay nouvèl /Anki kouté, pa répété / Yo ka manti pa bonplézi / Sé nouvèl-la ka ni ralonj /Atansyon pran prékosyon »).
Évidemment, les messages sont de nature différente.
Souvent, lorsqu’on interroge notamment les jeunes sur le zouk, les premières réponses tiennent compte uniquement de la thématique amoureuse, liée généralement au chagrin d’amour nommé lenbé en Guadeloupe. De fait, depuis plus d’une décennie, le « zouk love » l’emporte chez la majorité des auteurs. Si, comme l’indique le chanteur dominiquais Gordon Henderson, « à sa façon, le chanteur de Calypso est un griot[5]», relatant des événements historiques ayant marqué la Caraïbe et au-delà le monde, le chanteur de zouk est perçu différemment. Il semble partager volontiers ses maux, surtout ses déboires sentimentaux. Pourtant, l’amour, le chagrin, la déveine, même s’ils sont bien présents dans les textes des premiers « zoukeurs », ne sont toutefois pas les seuls thèmes abordés.
Le tableau synoptique suivant montre assez formellement la variété des thèmes en question et l’examen de quelques extraits de textes suffira à exemplifier notre propos.
Thèmes |
Titres et interprètes |
Histoire et civilisations |
Love & Ka dance, Nèg mawon, Anba chen N a bato la, Gorée, Pombiray [Kassav’] ; L’inité [Nadey] |
Écueils de la vie |
Lajan an moin an vouèy an pa vouèy, Kontak [Kassav’], Absence [G. Floro] ; La priè doulè [J-P. Marthély] ; Pouki tousa [T. Saint-Val], Cynthia [M. Linérol], Marie [E. Lefel], Tristeza [Challenger’s], Vini vini la [J.M. Harmony]… |
Résistance |
Kakika[6], Mystik[7], Kalkilé[8], La vi(e)[9], Mérilo[10] [Kassav’] |
Croyances et superstitions |
Soucougnan, Zombi, Tiré moin la… [Kassav’] |
Travers individuels et collectifs |
Nouvèl, Touloulou, Rara, Bizness, [Kassav’] Mal [J. Ursull]… |
Amour |
Ida, Ayé, Moment ta la, Chwazi, Avèou Doudou, En lé monté, Mové jou, Ké sa lévé, My doudou [Kassav’], Té ké vlé [T. Saint-Val], Santiman kasé [J.Ursull], On ti la pli si tôl [Chiktay], Bilou [J. D’Arbaud] Fanm solèy [T. Chasseur], Lanmou a bèl épi-w [Souskay], My sugar [F. Caracas], Chouya a lanmou [Zouti], Tilda [R. Rubinel]… |
Espoir |
On chimen pou dèmen, Sa ki la pouw, An nou alé, Ou pa ka sav, Ola ou yé, An plas’ ay, [Kassav’], Un homme [J-M. Rotin] ... |
Joie |
Karambole, Mizik a Bon dié, Tout la riviè ka déçan’ an lan mè, Zongonn. [Kassav’] |
Si nous examinons maintenant l’ensemble des thèmes et notions proposés par l’institution aux enseignants de LVR, un croisement s’impose naturellement et l’idée d’une pédagogie reposant sur l’étude de ces premières compositions devient lumineuse.
À l’école primaire par exemple, le texte Soucougnan[11], qui évoque l’enfant face à cet être surnaturel parmi les « esprits nocturnes arpentant les île[12]», pourra être étudié à travers le thème des légendes antillaises dans le cadre des apprentissages relatifs à « l’environnement géographique et culturel ». Il pourra l’être aussi à travers la construction d’une culture littéraire où l’élève sera « confronter au merveilleux, à l’étrange » et sera amené à s’interroger sur les enjeux d’une telle culture dans sa formation personnelle[13]. Alors qu’avec Karambole[14], l’auteur, Pierre-Édouard. Décimus souhaite faire connaître aux plus jeunes des jeux (« zizipan ») et des rythmes de son enfance, avec Zianm[15], son propos est beaucoup moins léger. Étudié au lycée, dans un corpus de documents de caractéristiques diverses, ce texte permettra d’aborder au choix les notions d’« Espaces et échanges », d’« idée de progrès » ou encore de « Lieux et formes du pouvoir » :
« On papa zanfan ki té ni on ti jaden kriyé tout timoun a-y pou li té montré-yo ankijan an Granntè, anba kanpèch é wòch, yo té pé fè ziyanm
On piti ki lékòl di papa-y pa fè sa, pas i tann savan di, an radyo, an jounal, sa ké kyouyé péyi-la si i bityé kanpèch-la pou i planté dé pyé-ziyanm
Grannonm-la pa kouyon, mandé èsplikasyon, savan koupé kayè, raché pyé-fwiyapen é konblé palétivyé, kyouyé tout ti pwason, maléré pé mò fen
Laritounèl : raché pyé-fwiyapen, yo kyouyé tout ti pwason, maléré pé mò fen, yo vlé akizé-nou, a pa vré, a pa nou
Yo raché fwiyapen, yo ka koupé kayè, konblé palétivyé, sé sa ka kyouyé ti pwason an nou…»
Environnement géographique et culturel |
Fêtes et coutumes, personnages, monuments et œuvres célèbres, légendes |
Love and Ka dance- Dedicated to St-Jean- Karambole– Soukougnan… |
Voyages et migrationsEspaces et échanges |
Peuplement ? terres d’ici et d’ailleurs, langues, rencontres |
Gorée – Ka yo fè – Korosol – Zioum… |
Mémoire |
Héritages et ruptures |
Love and Ka dance- Mystik- Kavalié o dam – Tim tim bwa sèk – Son tambou la… |
Sentiment d’appartenance |
Singularités et solidarités |
Linité – Balata – Solèy – Anba chen N a bato la – Souskay- Amazone… |
Visions d’avenirIdée de progrès |
Créations et adaptations |
Kalagia – Kontak – On chimen pou dèmen – Tout la riviè ka désannn an lan mè – Ayé… |
Lieux et formes du pouvoir |
Esclavage, traite négrière Agriculture |
Anba chen N a bato la- Zianm… |
Mythes et héros |
Oraliture créole, figures mythiques, identité |
Nèg mawon – Ké sa lévé – Amazone |
Plus approfondies, plus systématiques, plus détaillées, des recherches actuellement en cours proposeront dans une prochaine publication le type d’analyse qu’un professeur des écoles ou qu’un enseignant de collège ou de lycée peut conduire sur les textes cités. La problématique des manuels scolaires en créole est abordée dans d’autres travaux[16], et nous poursuivons un projet de rédaction de matériel pédagogique, en ce sens, à l’INSPE de Guadeloupe.
Le mot zouk lui-même s’ouvre à une sémantique mystérieuse et à une poétique complexe. Discutée par divers commentateurs, on convient aujourd’hui qu’il renvoie à « un bal populaire très chaud où il n’était pas recommandé aux messieurs de la bourgeoisie d’emmener leurs épouses » et à ces moments de montée d’ambiance, lorsque les participants à une fête reprenaient en chœur des airs rappelant les vidés de carnaval, les ritournelles de « chanté-nwèl » ou les moments de rassemblements festifs[17]. Depuis les années 1980, la jeunesse qui a assuré le succès du zouk a, en même temps, consacré le créole comme sa langue maternelle. Certes, le français n’est jamais bien loin et le verbe « zouker » apparaît dans toutes ses déclinaisons en français des Antilles. Toutefois pour beaucoup, c’est bien en créole que se conjugue le zouk. Parler en créole guadeloupéen, martiniquais, martinico-guadeloupéen, aussi bien de l’Histoire de son peuple, que de ses difficultés, ses peines, ses croyances et superstitions, ses joies, mais parler le « bon grain » (on bon grenn kréyòl comme on dit chez nous). Qu’on soit amoureux du créole ou simplement bon connaisseur de la langue, on ne peut rester insensible à la volonté des auteurs des textes de zouk des premiers temps de maintenir vivantes l’âme et la beauté du créole notamment à travers le recours aux proverbes, éléments incontournables de l’oraliture créole. On en trouve dans les textes, pour illustrer des propos, mais aussi en tant que titres de chansons. À cet égard nous pouvons citer les exemples suivants : Sa ki la pouw… et Tout’ la rivyè ka déçan’an lan mè[18], deux titres du groupe Kassav’ sur le même album. On note que le premier proverbe, qui s’articule sur un rythme binaire, comme la plupart des proverbes, est tronqué à l’écrit sur la pochette de l’album, alors que sa moitié manquante « dlo pa ka chayé-y » est bel et bien chantée par les chœurs. Est-ce parce que traditionnellement on emploie le mot « larivyè » plutôt que « dlo », choisi probablement pour respecter le rythme et la mélodie ? Difficile à dire. Une chose est certaine, c’est que le groupe s’adresse à un public susceptible de connaître ce proverbe commun dans les deux îles, Guadeloupe et Martinique. La sagesse populaire qui l’a fait naître y a recours pour susciter l’espoir chez celui qui doute ou fait face à une déception quelconque. « Nul n’échappe à sa destinée » nous indique le Dictionnaire Créole-Français de Guadeloupe[19]. Le chanteur, quant à lui, laisse entendre que la vie n’est pas qu’illusion et que « Dieu » veille constamment.
Le deuxième proverbe nous place devant une évidence « Tout larivyè ka désann an lanmè », ou comme l’indique le dictionnaire « les choses suivent toujours leur cours[20] ». Mais les chanteurs n’acceptent plus aussi facilement ces évidences d’un autre temps et se demandent désormais pourquoi le point de chute de toute rivière est la mer ? Autrement dit, l’heure est à la réflexion sur le monde et à sa compréhension et non plus à la simple acceptation de la fatalité comme jadis. Nous l’avons dit, d’autres proverbes sont disséminés dans les chansons, il suffit de tendre l’oreille pour les y repérer. Des sentences, productions de l’imagination de peuples aux prises avec les divers événements de la vie, avec leurs congénères, avec eux-mêmes. Les proverbes, formes courtes mais si lourdes de sens, pourvu qu’on les utilise à bon escient et qu’on les comprenne comme il se doit. C’est aussi en cela que réside la beauté de la langue. Elle rapproche ceux qui appartiennent au même monde, à la même culture. Les proverbes que nous avons relevés imposent une certaine connaissance de la langue et de la culture créoles, car ils renvoient, en effet, à des thématiques multiples et variées lisibles entre les lignes, telles que :
Les émules de Kassav’, probablement encore baignés dans la langue créole et conscients de son potentiel à dire l’existant, suivent l’exemple du groupe. Certains font même preuve, parfois, de créativité en jouant avec la langue, en créant des mots, à travers des métaphores et autres comparaisons, c’est le cas de Joëlle Ursull avec le mot « miyèlizé », ou du groupe Dissonance, avec la comparaison suivante qui joue à la fois sur la sémantique et sur les allitérations : « Siksé sé kon on bon fotèy, si ou pa véyé-w ou ka pran sonmèy, é lèwvwè ou lévé, ni lontan ou dépasé », (le succès est comparable à un bon fauteuil, si on n’y prend garde, on s’y endort et au réveil, il y a fort longtemps qu’on est d’un autre temps).
Par ailleurs, cette créativité est nourrie par le soin porté, chez les premiers auteurs, au lexique employé. Aujourd’hui, la disparition de la société d’habitation, lieu d’émergence d’une large partie des proverbes et autres expressions créoles, a entraîné l’entrée en désuétude de nombre de ces formes idiomatiques. Pour autant, ne pouvons-nous pas leur donner une seconde vie, d’autres espaces d’existence ? La discipline LVR peut y contribuer en enrichissant, par l’étude des textes de zouk, le lexique des jeunes apprenants. Grossmann déclare que « L’acquisition d’un vocabulaire nouveau n’est pas seulement importante en tant que telle : elle permet à l’enfant de ne pas ressentir la langue des livres et des écrits comme une langue étrangère. D’autre part, en discutant le sens des mots avec l’adulte, l’enfant ne fait pas que mémoriser des formes, ou enrichir sa connaissance du monde. Il apprend à construire la référence et recourt à des opérations complexes (reformulations, définitions paraphrastiques, exemplifications, généralisations), outils indispensables à l’émergence du sujet lecteur, dans la mesure où elles vont lui permettre aussi, à terme, de formuler un point de vue sur ce qu’il lit[27] ». La découverte de mots et expressions tels que « alawoulib » (décontracté), « mabo » (marraine), « bònmanman » (grand-mère), « brenheng » (stérile), « balata bèl-bwa » (nerf de bœuf utilisé durant l’esclavage pour frapper les récalcitrants ou les fautifs), « pyé-fomajé » (le fromager, arbre aux soukounyan), « woki» (roquille, petite mesure), « Gaba » (gabarre), ira dans le sens d’un éclaircissement culturel et d’un enrichissement lexical pour les élèves. Dans l’expression « pisimé vakans pasé lékòl », le sens augmentatif du terme comparatif « pasé », à savoir « de loin » (je préfère de loin les vacances à l’école), ne va plus de soi, par exemple, pour les élèves et les jeunes étudiants de l’INSPÉ[28]. Souvent, les mots sont chantés mais sans que la quête sémantique soit un préalable. Il arrive même qu’ils s’entendent différemment d’un locuteur à un autre, à la Guadeloupe comme à la Martinique car certains d’entre eux sont polysémiques et n’ont pas d’attache culturelle pour les nouvelles générations : « garé » (être dévoyé ; être désemparé… ; égarer quelque chose ; se garer), « tèt-chajé » (ennuis), « lélé » (embrouille ; fouet de cuisine…) ; « zwèl-séré » (cache-cache). Aussi, ils méritent une explication hors et en contexte pour favoriser un ancrage tant linguistique que culturel. Effectivement, si la roquille est une très petite mesure liquide utilisée auparavant dans le commerce, on comprend mieux que Tanya Saint-Val se plaigne de ne recevoir que cette infime quantité d’amour, « on woki lòv », de la part de son compagnon dans le titre « Té ké vlé[29]. »
Recourir aux textes de zouk, c’est donc profiter d’une aubaine esthétique, d’un moment de partage musical agréable pour amener les élèves à découvrir un aspect de la beauté de la langue créole, sa poésie, à se l’approprier et dans l’idéal à être en capacité de s’entraîner à produire cette rhétorique, à l’oral comme à l’écrit. Rappelons-nous à ce propos Aristote, pour qui la poésie c’est l’art d’imiter, de bien imiter[30]. Mieux les élèves étudieront des textes créoles de qualité, mieux pourront-ils appréhender la langue et ses subtilités. Sa forme courte, tout comme la fable ou le poème, ainsi que son refrain, sans compter l’accompagnement musical dont elle bénéficie font de la chanson de zouk un médium des plus attrayants pour l’étude de la langue créole. Poursuivant son propos, Grossmann précise que :
La familiarisation avec le texte écrit aboutit bien à une extension notable du langage chez le jeune enfant. L’idée que la compréhension écrite n’est rien d’autre que la compréhension verbale n’est pas fausse : elle néglige simplement le fait que la compréhension verbale elle-même, dans nos sociétés, s’enracine très tôt dans le terreau de l’écrit, et qu’il existe, à ce plan, des différences importantes entre les enfants, selon le degré d’acculturation à l’écrit qui est le leur[31].
En juin 2017, le Ministère de l’Éducation Nationale français lance la première édition de la « rentrée en musique » et le ministre, Jean-Michel Blanquer, déclare vouloir faire de la rentrée et, au-delà, de l’année scolaire, un « moment de joie ». Selon lui, la rentrée est « le moment où l’on est heureux de se retrouver pour travailler, mais aussi pour avoir une année d’épanouissement ; et la musique, c’est ce qui manifeste le mieux cet état d’esprit », elle « crée tout simplement du bonheur et son bienfait cognitif est démontré ». Dès lors, il est demandé aux enseignants et élèves de préparer des chants d’accueil pour les nouveaux arrivants de la rentrée de septembre. Chorales et orchestres des établissements, élèves et parents musiciens, milieu associatif, collectivités locales, tous sont invités à conjuguer leurs efforts pour cette innovation, soutenus en cela par des partenaires du Ministère de la culture.
En 2013, la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République rend obligatoire le parcours d’éducation artistique et culturelle (PEAC[32]) et, à partir de 2017, tous les élèves se voient proposer une rentrée en musique. En 2018, les médias focalisent l’opinion publique sur l’apprentissage obligatoire de « la Marseillaise ». En Guadeloupe, les journaux télévisés montrent quelques initiatives autour de cette rentrée en musique. En l’absence de parrains et marraines, les élèves chantent quelques couplets appris l’année précédente, puis on reprend le cours « normal » de la journée scolaire. À l’ESPÉ[33], les étudiants de première année de Master du Professorat des écoles réalisent, à reculons, les projets qui leur sont soumis dans le cadre du PEAC. Une étudiante ira jusqu’à demander si, « pour enseigner en Guadeloupe, il faut savoir absolument parler le créole et danser le gwoka ! ». On l’aura compris à travers ces quelques éléments, la musique n’est pas un domaine considéré comme véritablement sérieux. Certes, depuis quelques années, des défenseurs du gwoka parviennent à donner de la voix et à faire respecter cette musique, voire à la faire accepter comme marqueur identitaire fort. À ce titre, d’ailleurs, un poste de conseillère pédagogique a même été créé à l’école primaire pour l’encadrement de son apprentissage.
Clairement, le zouk ne jouit pas (encore ?) d’une telle reconnaissance. Pourtant, d’un point de vue didactique et pédagogique, il s’agit là d’un jardin qui ne demande qu’à être exploité. Les enseignants peuvent, en effet, s’inscrire dans ce Parcours d’éducation artistique et culturelle en permettant aux élèves d’aller à « la rencontre des œuvres artistiques » et également des artistes. La Guadeloupe, la Guyane et la Martinique (et plus loin, La Réunion) ont la chance de pouvoir encore échanger avec des pionniers du zouk, il faut saisir cette opportunité[34]. Par exemple, en éducation musicale il serait intéressant de savoir ce qui a motivé le choix du « style choral » pour la chanson Ayé de Kassav’[35]. On a l’impression d’une inversion du schéma suivi dans le gwoka : ici, le chœur (en créole, lérépondè) chante et c’est le chanteur (chantè) qui lui répond. Ce choix était-il délibéré ? Y avait-il une intention quelconque de la part des auteurs par la création d’un tel schéma interprétatif ? L’échange avec les auteurs, rendu possible entre autres par les nouveaux moyens technologiques, pourrait venir confirmer ou infirmer les interprétations faites en amont en classe. La même démarche pourrait trouver un écho quant à l’étude des illustrations des premières pochettes des albums du groupe Kassav’, par exemple.
Si nous revenons à la langue créole, il est certain que la richesse des textes de zouk nous conduit à des exercices variés tels que : l’étude textuelle (poétique, récit de vie, portrait, proverbes), la traduction, le traitement des interférences. Des textes correctement sélectionnés peuvent faire l’objet d’une analyse fine et permettre de réaliser toutes ces activités. Si nous prenons le cas des interférences qui, nous le rappelons, sont le produit de la proximité des langues française et créole chez les locuteurs guadeloupéens, certains textes peuvent servir de supports pour l’étude de ces dernières. Cet exemple pris dans la chanson « Tiré moin la[36] » de Kassav’ peut conduire l’élève, notamment par le truchement de la traduction, à déterminer avec l’aide de l’enseignant quelle est la meilleure traduction française pour « lèspri dèyè do an mwen [37]. » La proposition de départ peut très bien être : « des esprits sont derrière mon dos », mais elle sera améliorée au fur et à mesure pour obtenir l’énoncé attendu dans une langue française correcte. Quoi qu’il en soit, les élèves doivent être invités à découvrir l’étendue des possibles entre un français et un créole dits standards et être conscients de la qualité des énoncés qu’ils entendent et produisent eux-mêmes.
En ce qui concerne l’étude textuelle, elle doit être diversifiée grâce aux thèmes traités dans les chansons et les voies empruntées pour mettre en exergue ces sujets. Dans la première partie de notre propos, nous avons vu que les thématiques ne manquent pas dans le répertoire des deux premières décennies du zouk. Par ailleurs, des textes comme Pouki tou sa[38] (Auteur W. Salzédo), Pou l’éternité[39], Star[40], Clair obscur[41], peuvent être présentés aux élèves comme étant des « storytellin[42] » et être associés à d’autres chansons qui s’apparentent à des portraits comme Doméyis[43] ou Djoni[44]. Au-delà de la parémiologie (étude des proverbes abordée précédemment), l’approche poétique des textes mérite d’être pratiquée avec les élèves. Ballade kréyol[45], Chawa[46], Tchimbé la[47], Chèché[48], West Indies[49], de membres du groupe Kassav’, Santiman kasé[50] interprété par Joëlle Ursull, Lombraj[51] de Frédéric Caracas, Antistar[52] du groupe Dissonance, ou encore Absence[53] de Gilles Floro, sont quelques-unes des chansons dont les paroles donnent à voir une esthétique créole originale de l’être guadeloupéen dans toute sa complexité.
Le corpus zouk constitue aussi un formidable moyen de découvrir et de comparer les autres créoles et leurs variations. Pour les Guadeloupéens, celui de la Martinique et de la Guyane. Quant aux Réunionnais, ils n’ont jamais autant appris le créole antillais que par l’écoute de cette musique à succès ! Il faut donc faire écouter le zouk et encourager à le faire en dehors de la classe. L’écouter pour retranscrire la langue créole et maîtriser son orthographe. Dans le même ordre d’idée, les textes déjà disponibles sur Internet ou dans les ouvrages dédiés au zouk, peuvent aussi être corrigés puisque la graphie du créole est suffisamment stable pour ce faire. Enfin, si la traduction du créole au français va de soi, celle du créole à l’anglais ou à l’espagnol peut, de même, être envisagée.
Au regard des quelques éléments que nous venons de voir, nous pouvons dire que le zouk a devant lui un large espace à occuper dans les apprentissages linguistiques et culturels, de l’école primaire à l’Université du temps libre (UTL). En sélectionnant certaines notions des programmes établis pour la LVE/R, nous constatons que de nombreux textes de zouk peuvent être utilisés pour aborder ces dernières. Les formateurs, en licence et surtout en Master de LVR ont largement de quoi travailler avec les étudiants pour former ceux-ci à l’étude des textes du point de vue lexical, syntaxique, phonologique voire rhétorique (Bolus, 2017). À leur tour, ces futurs enseignants seront en mesure de proposer diverses activités aux élèves autour des textes de zouk qui, malgré les années, délivrent des messages qui demeurent d’actualité. L’enjeu est donc important puisqu’il s’agit d’amener les élèves à une connaissance plus fine de leur territoire et de leur patrimoine linguistique et culturel à travers une musique originale et originelle.
À la Martinique et à la Guadeloupe, au-delà de quelques notes et quelques textes de musique classique et de variétés françaises, la rentrée en musique est une occasion offerte, aux maîtres et aux maîtresses, de choisir de la musique dite créole. Aux côtés des biguines, quadrilles et mazurkas, l’occasion pourrait donc être offerte aux élèves d’entonner bèlè et gwoka. Quelques airs de zouk confirmeraient la place et la valeur que cette musique occupe désormais dans notre culture. Toutefois, force est de constater que les musiques marquées du sceau de la tradition, résonnent peu, voire pas du tout dans les cours des écoles, depuis la mise en place de cette directive. Fortement en concurrence, sur les médias locaux, avec l’ensemble des « musiques du monde[54] », le zouk résiste cependant et se fait entendre notamment sur les ondes qui choisissent de lui réserver quotidiennement de larges plages dédiées. C’est ainsi qu’il parvient aux oreilles des jeunes générations qui, sans y être formellement initiées, sont capables de l’identifier, sinon comme marqueur culturel, du moins comme référence musicale du pays. Le zouk, s’il n’est pas le seul remède que nous ayons, est au moins un de ceux encore disponibles.
Oser le zouk à l’école, oui, et comprendre les enjeux d’une telle initiative, à une époque où le verbe et l’imaginaire créoles semblent se réduire comme peau de chagrin. Une époque où le français, atone, permet difficilement à certains d’ânonner leurs maux incompréhensibles, nous poussant à la nostalgie de nos gwopwèl[55] et autres lenbé kòltaré[56] du temps des tan[57] ou des zouk. À l’heure où nous nous laissons leurrer par les images, censées en dire plus que les mots, reléguant alors le texte au second plan, il convient effectivement de regarder en arrière. Mais, il n’est nullement question de rétro-zouk-pédalage, bien au contraire. Si, comme le chantait un ancien membre de Kassav’ « èvè détwa nòt ou pé di mil mo san palé[58] », (avec quelques notes on exprime mille mots sans même en prononcer un seul) mais alors, de quel boulevard disposons-nous donc, quand nous avons, qui les notes de musique, qui les mots ! Évidemment, en tant qu’objet musical, le zouk a toute sa place à l’école, aux côtés d’ailleurs du bèlè, de la biguine ou du gwoka, à charge pour les spécialistes du domaine, forts des instructions ministérielles et en collaboration avec les académies, d’investir ce champ patrimonial. Nous pensons, par ailleurs, que le zouk a également droit de cité à l’école, en tant qu’objet d’apprentissage, littéraire et linguistique. D’abord, pour une reconquête linguistique au service, notamment, d’un bilinguisme français-créole apaisé. En outre, étudier les textes de zouk écrits en créole guyanais, martiniquais ou guadeloupéen, c’est permettre aux élèves de s’imprégner de langues riches grammaticalement, de découvrir une poétique endogène, nouvelle, puisée dans un corpus préalablement étudié, et correctement appréhendé par des enseignants, ayant une pleine conscience de la situation sociolinguistique de ces territoires. Enfin, introduire l’étude du zouk à l’école est un projet fécond, s’il s’agit de transmettre aux élèves, comme l’appelait de ses vœux le Guadeloupéen Raoul Serva, le « sens du pays » !
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Kassav, « Tiré moin la », #B1, Vinyle Ayé, Label GD Productions, 1984.
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Saint-Éloi Patrick, Ballade Kréyol, #A3, in Vinyle Patrick Saint-Éloi, Label GD Productions, 1984.
Saint-Éloi Patrick, « Ballade Kréyol », #B3, Vinyle Patrick Saint-Éloi, Label GD Productions, 1984.
Saint-Éloi Patrick, Djoni, #A2, Vinyle Kassav’ – Majestik Zouk, Label Columbia, 1989.
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[1] Le zouk renvoie avant tout à la musique, à la danse, et l’auditeur antillais s’attache davantage au rythme qu’aux paroles des chansons. Par conséquent, d’aucuns sont prompts à dire que les chansons de Kassav sont dénuées de sens et « légères ». Cependant, en prêtant attention aux compositions de Kassav, il est évident qu’un grand soin est accordé à leur rédaction par les auteurs. Les thèmes des chansons vont des références nostalgiques et du désir du paysage insulaire au commentaire social, aux relations entre les hommes et les femmes, à l’harmonie et à l’espoir.
Brenda F. Berrian, Awakening spaces: French Caribbean popular songs, music and culture, The University of Chicago Press, 2000, p. 48.
[2] Dans cet article, le choix a été fait de retranscrire l’ensemble des titres dans leur graphie initiale. En revanche, les extraits de textes sont écrits en graphie standard 1 ou GEREC 78, en usage dans l’Académie de Guadeloupe. Ainsi avons-nous le titre Kalagia, mais la graphie « Kalagya » dans le texte.
[3] Léna Blou, Techni’Ka, éditions Jasor, 2005, 214 p. La chorégraphe guadeloupéenne se propose de développer le concept de « bigidi » à travers le mot et le mouvement que désigne ce dernier.
[4] Rassemblement populaire autour du ka organisé traditionnellement le vendredi soir.
[5] Gordon Henderson, Zoukland, Autoédition, Dominique, 1998, p. 9.
[6] Interprète : F. Marshall.
[7] Interprète : J. Desvarieux.
[8] Interprète : J-P. Marthély.
[9] Deux chanteurs ont interprété ce titre orthographié différemment La vie pour P. Saint-Éloi (1983, auteur G. Décimus) et La vi pour T. Miath (1988, auteurs F. Caracas, T. Miath, E. Miath). Ces deux titres invitent à résister face aux difficultés de la vie.
[10] Interprète : J-P. Marthély.
[11] Kassav n° 3, « Soukounyan », Vinyle B5, Label 3A, 1981.
« Soukounyan, an, an, yo di ou ka fè-nou pè / ou ka fè toutmoun tranblé …/ An ka chonjé lè an té piti, sé vou ki té ka anpéché timoun sòti… / Vou ki té ka fè-mwen pè / té ka fè timoun tranblé ».
[12] Lambert-Félix Prudent, « La pub, le Zouk et l’album », Antilles Espoirs et Déchirements, de l’âme créole, Revue autrement, Hors-série n° 41, 1989, pp. 209-216.
[14] Kassav : Passeport, « Karambole », Vinyle B3, Kassav, Label : Franck R. Records, 1983.
[15]Kassav : Lagué Moin, « Zianm », Vinyle B1, Label Fm Productions, 1980.
[16] Mirna Bolus, L’enseignement du créole en Guadeloupe, un regard sur les pratiques, les objectifs et les outils pédagogiques à l’école primaire, Thèse de Doctorat de l’Université des Antilles et de la Guyane, 2009.
[17] Lambert-Félix Prudent, op. cit. pp. 209-216.
[18] Kassav, « Tout la Rivyé ka desann ´an lanmè », # 3, Kassav’ Anba Chen´n La, Label GD Productions, 1985.
[19] D. Bernini-Montbrand, R. Ludwig, H. Poullet, S. Telchid, « Dictionnaire créole/français », éditions Orphie, 2012.
[20] Ibid. p. 537.
[21] Joëlle Ursull, « Mal », # A2, Vinyle Miyel, Label CBS, 1988.
[22] Jacob Desvarieux, Georges Décimus, « Kavalié o dam », # B1, Vinyle Yélélé, Label Greensleeves Records, 1984.
[23] Patrick Saint-Éloi, « Zouké », # A2, Vinyle Patrick Saint-Éloi, Label GD Productions, 1984.
[24] Kassav, « Réminiscence », # A1, Vinyle Réminiscence Kassav, Label Polydor, 1986.
Tanya Saint-Val, « Darlin’ », # 4, CD Améthyste, Label EMI, 1996.
[25] Jean-Philippe Marthely, Patrick Saint-Éloi, # A1, Vinyle Bizness, Label GD Productions, 1985.
[26] Kassav, « Rara », # 11, CD Difé, Label Colombia, 1995.
[27] Francis Grossmann, « Littératie, Compréhension et Interprétation des Textes », Repères, Recherches en Didactique du Français Langue Maternelle, Revue n°19, Comprendre et interpréter les textes à l’école, 1999, p. 149.
[28] Instituts Nationaux Supérieurs du Professorat et de l’Éducation.
[29] Tanya Saint-Val, « Té ké vlé », # A3, Vinyle Zouk à gogo, Label Debs, 1989.
[30] Aristote, Poétique, Editions des Belles Lettres, 1990, chapitre I à V.
[31] Francis Grossmann, op. cit., p. 149.
[32] Loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013 d’orientation et de programmation pour la refondation de l’École de la République, Section 2, Article 10.
[33] Écoles Supérieures du Professorat et de l’Éducation.
[34] En 2019, le musicien Roland Louis, créateur du groupe Les Zouker’s, tirait sa révérence, non sans avoir laissé un témoignage sur son apport au zouk dans un entretien mené par La Médiathèque Caraïbe (http://lameca.org/publications-numeriques/interviews-audio/roland-louis-2019/ )
[35] Kassav, « Ayé », # A1, Vinyle Ayé, Label GD Productions, 1984.
[36] Kassav, « Tiré moin la », # B1, Vinyle Ayé, Label GD Productions, 1984.
[37] « Je suis poursuivi par des esprits ».
[38] Tanya Saint-Val, « Pouki tou sa », # 1, CD Tanya Saint-Val – Pouki Tou Sa, Label Flarenasch, 1988.
[39] Michel Linérol, CD Michel Linérol, J.E. Productions, 1991.
[40] Dissonance, interprète D. Bernier, 1988.
[41]Dominique Coco, « Clair-obscur », # 4, CD Volt-Face Doubout, Label Virgin, 1994.
[42] Mise en récit ou accroche narrative. Outil de communication s’appuyant sur une structure narrative du discours qui s’apparente à celle des contes, des récits.
[43] Jean-Philippe Marthély, « Doméyis », # B3, Vinyle Kassav’ – Majestik Zouk, Label Columbia, 1989.
[44] Patrick Saint-Éloi, « Djoni », # A2, Vinyle Kassav’ – Majestik Zouk, Label Columbia, 1989.
[45] Patrick Saint-Éloi, « Ballade Kréyol », # A3, Vinyle Patrick Saint-Éloi, Label GD Productions, 1984.
[46] Jacob Desvarieux et Georges Decimus, « Chawa », # A4, Vinyle Jacob F. Desvarieux* / Georges Decimus, Label GD Productions, 1986.
[47] Patrick Saint-Éloi, « Ballade Kréyol », # B3, Vinyle Patrick Saint-Éloi, Label GD Productions, 1984.
[48] Patrick Saint-Éloi, « West Indies », # A1, Vinyle Patrick Saint-Éloi-Misik Ce Lan-Mou, Label 2M Production, 1982.
[49] Patrick Saint-Éloi, « West Indies », # B3, Vinyle Patrick Saint-Éloi-Misik Ce Lan-Mou, Label 2M Production, 1982.
[50] Joëlle Ursull, « Santiman kassé », # 3, CD Miyèl, Label Epic International, 1988.
[51] Frédéric Caracas, « Lombraj », # A2, Vinyle Champagn’ -Frédérick Caracas, Label Moradisc, 1988.
[52] Dissonance, « Anti star », # B4, Vinyle Dissonance (2) – Face Cachée, Label Astéric, 1988.
[53] Gilles Floro, « Absence », # B1, Vinyle Gilles Floro, Label Rythmo-Disc, 1990.
[54] Entendez par là aussi bien le maloya, le jazz que la musique classique !
[55] Chagrin d’amour en créole martiniquais.
[56] Chagrin d’amour dont on peine à se relever en créole guadeloupéen.
[57] Terme guadeloupéen pour désigner les soirées « zouk ».
[58] Chanson « I an plas a-y », interprétée par Patrick Saint-Éloi sur l’album Éponyme (1999).