Appels à contribution

Le sacré, le spirituel et le religieux dans les sociétés globales contemporaines

 

Journée d’étude internationale en ligne – 14 décembre 2023

 

Présentation

Les sociétés postmodernes universalisées, laïques et démocratiques qui sont sous l’égide de la liberté tous azimuts ou de la croissance sans limites, nous amènent aujourd’hui, plus que jamais, à réinterroger le rapport de l’homme à ses croyances dans sa biocénose. Penser le sacré, le spirituel, le religieux, d’un point de vue absolu, relève d’une hiérarchisation mentale sémantique, sémiotique et implexe comprise dans un rapport dichotomique focalisé sur des dyades paradigmatiques :

  • ville / campagne
  • nature / culture
  • civilisation / barbarie
  • pays profond / pays imaginaire
  • pays rêvé / pays réel
  • autochtonie / universalité
  • universel / diversel (pluriversel)
  • point de vue émique (de l’intérieur du groupe social) / point de vue étique (du point
    de vue de l’observateur)

Le rapport à ces termes est fonction de la perspective dans laquelle on se situe. Force est de reconnaître qu’il existe une différenciation entre les termes sacré/spirituel/religieux, mais aussi qu’il est difficile d’établir une frontière entre ces notions.

L’on sait que le sacré est un statut particulier lié aux mythes qui renvoie au sujet, à l’essence, à la profondeur ontologique et à son rapport à la sphère divine, à la notion d’intériorité, de nature, d’innéité ; il se caractérise par la puissance agissante de la divinité, ce sentiment de présence absolue, de présence divine. Il est à la fois mystère et terreur. C’est l’être de la nature qui vit l’instant présent tandis que le religieux, indissociable de la société, nous ramène au concept de culture, d’acquis, nous maintient dans le passé et nous projette dans le futur. Il se pense en tant qu’expérience humaine, de construction extérieure, il devient objet de savoir, s’inscrit dans la pratique cultuelle collective et au regard de l’évolution historique, elle débouche sur une approche cosmétique du monde (colonialiste, transhumaniste…), une dépossession des caractères de l’être humain voire une projection de l’idéal humain dans un monde imaginaire. 

Le spirituel, domaine de prédilection des sciences de l’homme, concerne également toutes celles qui arpentent le territoire de l’esprit et s’aborde avec circonspection, avec la difficile neutralité qui incombe aux esprits rationnels et cartésiens. En pareille matière, tout système de pensée, toute tentative de conceptualisation se confronte à l’irréductible complexité d’un réel protéiforme qui transcende le champ du discours. 

Quant à la religion, elle se conçoit comme tout système spécifique de croyance, d’adoration, etc., impliquant souvent un code moral alors que la spiritualité qui n’est pas exclusive de la religion, puisqu’on peut trouver des spiritualités athées, laïques ou païennes, met l’accent sur les choses et le monde immatériel, le monde des esprits. Elle implique une quête, un questionnement, un cheminement, une raison. Cela étant, ce système de croyances fait rarement l’unanimité et participe régulièrement, dans l’histoire de l’humanité, à des conflits dont l’intensité démontre que le partage du sacré ne se superpose pas toujours avec le « partage du sensible ». Dans les régions du monde où diverses pratiques cultuelles entrent en contact, les échanges et créations nouvelles issues d’appropriations et de réappropriations, offrent une sujet d’étude des plus intéressants et invitent à repenser les paradigmes du syncrétisme et du super-syncrétisme (Benítez-Rojo, 2010).

D’un point de vue conceptuel, ces notions – sacré, spirituel, religieux – se voient associées à une diversité de représentations qui, dans, l’imaginaire collectif ont rarement le même poids sémantique, sémiologique voire gnosique dans la littérature, la science, les arts et les pratiques culturelles. Renvoient-elles aux mêmes signifiés quant à la réception que l’observateur savant peut se faire des communautés cultuelles et des éthopées culturelles, des écosystèmes théocratiques qu’il vise ? D’un point de vue civilisationnel, à quels chocs culturels, ou à quelles écologies relationnelles permettent-elles d’accéder ?

Les mondes de la création littéraire et artistique dans les Suds sont justement des mondes scripturaires, oraculaires, sonores, hermétiques ou hétérogènes où se créent le langage, la Parole, la résonance, l’énergie cosmique… et où on a tendance à reconfigurer ces terminologies. De ce fait, quid de la littérature et des Arts ? Comment les romanciers, poètes et artistes réintègrent-ils ou se réapproprient-ils ces espaces fréquentiels perdus de la République des Sciences Humaines ? Les stratégies esthésiques et esthétiques aussi minimales soient-elles, sont-elles perceptibles, concevables ou tangibles ?

Modalités de contribution

Ces pistes de réflexion n’ayant pas la prétention d’être exhaustives, il est suggéré aux contributeur.rice.s d’explorer d’autres aspects de la problématique se référant aux lignes conceptuelles indiquées. Les approches interdisciplinaires et comparatives de cette thématique sont vivement encouragées.  Les contributions à l’entrecroisement de la littérature, les arts et l’anthropologie (entre autres) seront aussi particulièrement apprécieées.  Dans cette perspective, les propositions pourront s’inscrire dans des champs disciplinaires, interdisciplinaires et transdisciplinaires connexes. Pour ce faire, les contributeur.rice.s pourront s’inspirer des axes suivants :

  • études littéraires ;
  • arts visuels et vivants : peinture, sculpture, arts graphiques, art-performance, etc. ;
  • philosophie, psychologie et théologie ;
  • sciences humaines et sociales : histoire, sociologie, anthropologie, ethnologie, sciences politiques ;
  • étude du vivant, de la pharmacopée et de la résurgence des pratiques ancestrales ;
  • une diversité de champs connexes et diasporiques : Cultural Studies, Migration studies, etc.

Les propositions de contributions devront comporter un titre et un résumé d’environ 400 mots maximum, accompagné de 5 mots-clés. Elles devront être assorties d’une brève notice biobibliographique, n’excédant pas 150 mots.

  • Les propositions de contribution, en anglais, en français ou en espagnol, assorties d’une courte notice biobibliographique, sont à envoyer le 30 octobre 2023 au plus tard. Pour toute information nécessaire, merci d’adresser un email à la même adresse. Veuillez adresser votre abstract (300 mots maximum) + 5 mots-clés à nakanJE1contributions@gmail.com et nakanjournal@gmail.com, accompagnées d’une brève notice biobibliographique précisant votre affiliation institutionnelle. Les contributions prendront la forme d’une communication universitaire de 20 minutes suivie d’un échange d’une dizaine de minutes. 

Processus de sélection et de programmation

  • Jusqu’au 30 octobre 2023 : envoi des abstracts et notices biobibliographiques
  • Du 1er novembre au 9 novembre 2023 : sélection des propositions. au plus tard le
  • 10 novembre 2023 : notification aux auteurs.
  • 1er décembre 2023 : diffusion et publication du programme de la journée d’étude.

 

Publication

  •  Il est rappelé que la journée d’études se déroulera en ligne. Les contributions susceptibles de faire l’objet d’une captation vidéo pourront être téléversées – avec l’accord explicite des panélistes – sur le site de la chaîne Canal-U d’AMC. Une autorisation d’enregistrement et de diffusion sera envoyé à tous les contributeurs dont les propositions auront été sélectionnées. À l’issue de l’événement, ils seront invités à soumettre une proposition d’article à la revue NaKaN, a Journal of Cultural Studies

Organisation

Société Savante NaKaN

Comité d’organisation

Dr. Gérald Désert, Université des Antilles 

Dr. Nathalie Bouchaut-Kancel, Université des Antilles 

Dr. Frédéric Lefrançois, Université des Antilles 

Pr. Buata Malela, Université de Mayotte

 

Comité scientifique

Pr. John Ayotunde Isola Bewaji (University of the West Indies) 

Dr. Anny-Dominique Curtius (University of Iowa, USA) 

Dr. D. Amy-Rose Forbes-Erickson (Rutgers University, Bowling Green State University) 

Dr. Max Belaise (Université des Antilles) 

Pr. Frederick Ochieng’-Odhiambon (University of the West Indies) 

Pr. Marc Duby (University of South Africa) 

Dr. Christina Oikonomopoulou (Université de Péloponnèse, Grèce) 

Dr. Christophe Premat (Université de Stockholm, Suède) 

Pr. Jean Bessière (Université Paris III Sorbonne, France) 

Pr. Laurence Rosier (Université libre de Bruxelles, Belgique) 

Dr. Linda Rasoamanana (Université de Mayotte, France) 

Pr. Madhura Joshi (Université Toulouse – Jean Jaurès, France) 

Dr. Yoporeka Somet (Dedan Kimathi University of Technology, Kenya) 

Dr. Yves Chemla (Université Paris Descartes, France)

 

Pistes bibliographiques

  • Anzaldúa, G., Light in the Dark/Luz en lo Oscuro: Rewriting Identity, Spirituality, Reality. Duke University Press, 2015.
  • Aristote. Métaphysique, trad. J. Tricot, Vrin, Paris, 1953.
  • Bataille, Georges. La part maudite, Minuit, 1985.
  • Benítez Rojo, Antonio. LA Isla Que Se Repite: El Caribe y Perspectiva Posmoderna. Editorial Plaza Mayor, 2010.
  • Bergson, Henri. Les deux sources de la morale et de la religion, PUF, Paris, 1995.
  • Besnier, Jean-Michel. Histoire de la Philosophie moderne et contemporaine, Figures et Œuvres, Le Collège de Philosophie, Grasset, 1993.
  • Blay, Michel. Grand dictionnaire de la Philosophie, Larousse, CNRS Éditions, 2012, [2003].
  • Caillois, Roger. L’Homme et le Sacré, Folio-essais, Gallimard, 1983.
  • Carrette, J. R.  & King, R. Selling spirituality: The silent takeover of religion. Psychology Press, 2015.
  • Chateaubriand, François-René (de). Génie du Christianisme, Garnier-Flammarion, 1990.
  • Durand, Gilbert. Les Structures anthropologiques de l’imaginaire, Armand Colin, 2020 [1969].
  • Hegel, Georg Wilhelm Friedrich. Leçons sur la philosophie de la religion, Trd. J. Gibelin, Vrin, Paris, 1975.
  • Durkheim, Emile. Les formes élémentaires de la vie religieuse, Livre de poche 1912, rééd. CNRS Éditions, 2008.
  • Eliade, Mircea. Le Sacré et le Profane, Folio-essais, Gallimard, 1957.
  • Eliade, Mircea. Le Mythe de l’éternel retour, Folio-essais, Gallimard, 1969.
  • Eliade, Mircea. Aspects du Mythe, Folio-essais, Gallimard, 1963.
  • Girard, René. La Violence et le Sacré, Hachette, 1994.
  • Grosfoguel, Ramon. « The structure of knowledge in Westernized universities: Epistemic racism/sexism and the four genocides/epistemicides of the long 16th century ». Human Architecture: Journal of the Sociology of Self-Knowledge,11(1), 8, 2013.
  • Hutchison, E. D. , « Spirituality, Religion, and Progressive Social Movements: Resources and Motivation for Social Change »,  Journal of Religion & Spirituality in Social Work: Social Thought31(1-2), 105-127, 2012.
  • Lam, Eskil, D. Tonneau-Ryckelynck & D. Dolega-Ritter, Lam : Catalogue raisonné de l’œuvre gravé, H.C. Editions, 2016.
  • L’Étang Gerry & J.-Pierre Arsaye, La Peinture en Martinique, Paris, H.C. Éditions, 2007.
  • Marx, Karl. Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel, Ellipses, Paris, 2000.
  • Ochieng’-Odhiambo, Frederick. African Philosophy: An Introduction, Consolata Institute of Philosophy Press, Nairobi, 1995.
  • Otto, Rudolph. Le Sacré, Payot, 2001.
  • Owen, S. The appropriation of native American spirituality. Bloomsbury Publishing, 2008.
  • Somé, M. P. The healing wisdom of Africa: Finding life purpose through nature, ritual, and community, JP Tarcher, 1999.
  • Spinoza, Baruch. Traité théologico-politique, Garnier-Flammarion, 1965.
  • Toumson, Roger (dir.), Anthologie de la peinture en Guadeloupe. Des origines à nos jours, Paris, Hervé Chopin,  2009.
  • Yung-Hing, Renée-Paule (dir.), Art contemporain de la Caraïbe, Mythes, croyances, religions et imaginaire, Editions Hervé Chopin, 2012.
  • Whitehead, Alfred North. Le Concept de Nature, Vrin, 1998 [1920]. 

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 Appels à contributions antérieurs

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