Appels à contribution

COLLOQUE EN LIGNE


Écologie décoloniale dans les marges du monde

 
15-16 DÉCEMBRE 2022
NaKaN. Revue d’études culturelles
En partenariat avec le Centre Universitaire de Mayotte
 
Les inquiétudes sur les dégradations environnementales jouent un rôle majeur dans la pensée contemporaine, tant dans la prise en considération du futur des écosystèmes que dans la nécessité de sortir du paradigme eurocentriste, car l’écologie est bien l’affaire de tous.  C’est pourquoi le concept d’écologie décoloniale s’attèle à renverser ce paradigme, tout en soutenant la possibilité d’une action collective apte à pa/enser la fracture du vivre ensemble en vue de préserver le monde naturel. De ce fait, le chercheur martiniquais Malcolm Ferdinand s’est consacré à penser l’écologie depuis l’espace caribéen, car « par ses imaginaires créoles de résistance et ses expériences de lutte (post)coloniales, la Caraïbe permet une conceptualisation de la crise écologique associée à la quête d’un monde défait de ses esclavages, de ses violences sociales et de ses injustices politiques (Ferdinand 2019, 13). Cette écologie décoloniale se construit sur le constat d’une double fracture coloniale et environnementale logée au cœur de la modernité, laquelle a trop longtemps dissocié la question écologique de la question coloniale, en ignorant les injustices sociales, politiques et raciales. En effet, les différents discours des colonisés, leurs récits et leurs penseurs ont souvent déconstruit la domination coloniale au détriment de la question environnementale et animale. La thèse de Ferdinand peut cependant être nuancée grâce à l’émergence d’intellectuels, notamment africains, qui mènent depuis plusieurs années une réflexion sur cette double articulation. À cet égard, le penseur sénégalais Felwine Sarr, dans son essai Habiter le monde (2017), critique les politiques destructrices du monde qui, selon l’historien politologue camerounais, Achille Mbembe, prennent tantôt la forme de « politiques de l’inimitié » (2016), tantôt celle de « brutalisme » (2020). Face à la rhétorique guerrière, égoïste et cynique du politique, note Sarr, se développent dans les marges des relations faites de solidarité et de réciprocité. Or, le défi posé à l’heure actuelle est précisément de construire un monde inclusif qui repose sur de nouvelles relations entre les humains et des interactions plus positives entre les humains et le monde naturel.  
 
Selon Ferdinand, la Caraïbe constitue par exemple une scène intéressante pour penser l’écologie car, à travers l’histoire coloniale et esclavagiste ainsi que l’assujettissement social, politique et racial dont ses populations ont été victimes, cet espace est le lieu d’une expérience globale. La Caraïbe, point de rencontre entre peuples autochtones, européens, africains et asiatiques, suscite à la fois des enjeux écologiques et d’émancipation sociale, qui permettent de questionner les modes de vie en commun et d’investissement de la nature. Ces fondements de l’écologie décoloniale serviront de point d’appui au colloque en ligne de la revue Nakan. Nous proposons d’élargir la définition même du « caribéen », offerte par Ferdinand, en y ajoutant la part asiatique, avant d’étendre cette perspective à l’ensemble des marges du monde. Penser l’écologie décoloniale repose en effet sur une opération de pensée qui décloisonne et déconstruit les catégories traditionnelles tout en interrogeant leur légitimité. De fait, la question des marges envisagées par la poésie – Aimé Césaire, Édouard Glissant, Kenneth White – la philosophie – Jacques Derrida, Homi Bhabha, Judith Butler – en fonction de la notion de limite a servi à comprendre l’interaction entre l’humain et le monde naturel et les distinctions entre humain et non humain. Ainsi, plus largement, c’est à toute une pensée de la limite que se rattache le champ critique de l’écologie décoloniale. La question de la limite invite à une réflexion sur l’environnement naturel et son appréhension par les sujets situés aux frontières des « empires » au sens de Negri et Hardt (2000). Cela étant, ce colloque ouvre la réflexion aux savoirs situés dans les marges en fonction de la spatio-temporalité – lieux géographiques, temps passé, présent, achronie – et de la norme – juridique, culturelle, sociale, politique, éthique. En d’autres termes, l’expérience écologique développée par les individus ou les groupes issus des aires géoculturelles (post)coloniales sert de point de départ à la compréhension fondamentale des rapports de continuité et de discontinuité entre l’humain et le non humain, tout en mettant à l’épreuve ses propres catégories d’analyse.
 
Pour aborder ce colloque, consacré à l’écologie décoloniale dans les marges du monde, quelques pistes – non exhaustives – peuvent être considérées :
 

1)    Les aires géoculturelles

Le cas des Caraïbes et de sa proximité culturelle avec l’Amérique latine peut aider à envisager d’autres exemples. Cette relation, qui appelle aussi la question de l’autochtonie, de l’ancestralité amérindienne, des métissages africains, européens et indiens dans leur rapport à la nature constitutive de la cosmovision mésoaméricaine, nécessite d’être articulée aux concepts de l’écologie décoloniale.

Concernant l’espace africain, les dynamiques cryptocoloniales visibles dans les études africaines et l’ombre de l’eurocentrisme sont des processus combattus par le mouvement de réécriture décoloniale de l’Afrique dans son approche du monde naturel. Dans cet esprit, les domaines africains et asiatiques pourraient être convoqués pour servir de point de comparaison et d’interaction avec d’autres aires géoculturelles des marges, et contribuer à interroger les méthodes, démarches et paradigmes dans le dégagement d’une philosophie politique du décolonial appliquée à la compréhension des aires géoculturelles.
 

2)    L’intersectionnalité.

Théorie transdisciplinaire à même d’appréhender la complexité des subjectivités individuelles et collectives par le croisement des catégories de sexe/genre, classe, race, communauté, âge, handicap et orientation sexuelle, elle s’intègre bien dans la discussion sur l’écologie décoloniale et les inégalités sociales.
De plus, l’approche intersectionnelle de l’écologie décoloniale s’attache à la réalité du corps social propre à toutes ces catégories tout en veillant à la spécificité liée à leur écosystème et à leur dynamique historique, socioculturelle, éthique, politique et économique.
 

3)    L’anthropocène

Ce concept désigne l’ère géologique de bouleversement des écosystèmes de la terre par les activités humaines. Dès lors, le simple examen du fait colonial dans les espaces géoculturels liés à ce phénomène et ses conséquences symboliques – l’aliénation ou la colonialité du pouvoir ou de l’être – pourrait faire l’objet d’une investigation. De même, l’enquête pourrait aussi porter sur la combinaison des discriminations des dominés – vivant la condition noire, de femme, de racisé – avec le discours environnemental et théorique capable de penser l’écologique. Cette dernière mettrait l’accent, par exemple, sur les aménagements et/ou modes d’occupation du territoire (post)colonial et leurs effets sur la nature, ou encore sur l’approche de la nature en termes de lieux de mémoire, d’espace lisse ou strié, etc.
 

4)    Le sujet migrant et la migration

Ces deux notions s’allient à celle de la pensée frontalière dans le contexte décolonial qui critique la modernité du système-monde capitaliste et colonial. L’expérience des migrants – sans-papiers, réfugiés – est appréhendée à l’aune de l’écologie et des catastrophes naturelles. Celles-ci entraînent des déplacements de population et rendent compte des oppressions et des modes de pensée relatifs à ces individus marginalisés dont la présence interroge indéniablement d’autres manières d’habiter le monde naturel. Ce faisant, la dimension épistémologique de l’expérience du migrant passera surtout par son propre regard.
 

5)    Poétiques/esthétiques du décolonial

Cette démarche décoloniale vise d’abord à dévoiler les différentes formes de violence à l’œuvre dans la part de la modernité européenne intrinsèquement coloniale qui exclut les esthétiques et poétiques différentes, pourtant susceptibles d’enrichir les manières de vivre et de penser le monde naturel dans les arts des autres humanités en délicatesse avec les idéologies qui clament leur universalisme. Au contraire, la décolonialité rend leur humanité aux esthétiques et poétiques des sujets « subalternes » en écoutant leurs voix singulières sans les ériger en totalité (Spivak). Ces esthétiques plurielles du décolonial – théorique ou pratique – sont enchevêtrées entre plusieurs mondes : les manières différentes – afropéenne, créole, africaine, asiatique – d’envisager le métissage comme principe de création et de compréhension des modes naturels – la mode, la littérature, la musique, le cinéma, les arts plastiques, la danse, etc.
 
CONTRIBUTIONS
Pour rejoindre l’esprit de ce colloque, les contributions pourront prendre la forme d’une intervention dans un ou plusieurs champs disciplinaires – études littéraires, arts visuels et vivants, philosophie, sciences humaines et sociales : histoire, sociologie, anthropologie, ethnologie, sciences politiques et une diversité de champs connexes.
 
Processus de sélection et calendrier
  • 15 septembre 2022 : envoi des résumés et notices biobibliographiques 
Les propositions de contribution devront comporter un titre et un résumé d’environ 400 mots maximum (en français ou en anglais). Elles devront être assorties d’une brève notice biobibliographique, n’excédant pas 150 mots.
  • 15 octobre 2022 : notification d’acceptation ou de refus des propositions aux auteurs
  • 15-16 décembre 2022 : Colloque en ligne
CONTACT
Les propositions de résumés, assorties d’une courte notice bio-bibliographique, sont à envoyer jusqu’au 15 septembre 2022 à nakandecolonial@gmail.com
Pour toute information nécessaire, merci d’adresser un email à nakanjournal@gmail.com
 
COMITÉ D’ORGANISATION
  • Buata B. Malela (Centre Universitaire de Mayotte)
  • Jessy Neau (Centre Universitaire de Mayotte)
  • Sandrine Soukaï (Université Gustave Eiffel)
  • Comité de direction de la revue Nakan
  • Avec le soutien de l’Association Mélanges Caraïbes et le Centre Universitaire de Mayotte
PISTES BIBLIOGRAPHIQUES
  • Agawu, Kofi, 2020, L’imagination africaine en musique, Paris : Philarmo.
  • Anzaldúa, Gloria, 1987, Borderlands/La Frontera: The New Mestiza, San Francisco : Aunt Lute.
  • Blanc, Guillaume, 2020, L’invention du colonialisme vert, Paris : Flammarion.
  • Borda, Orlando Fals et Camelio Borrero García, 1991, Acción y conocimiento. Cómo romper el monopolio con investigación-acción participativa, Santa Fe de Bogotá : CINEP.
  • Cardoso, Fernando Henrique et Enzo Faletto, 2007, Dependencia y desarrollo en América Latina. Ensayo de interpretación sociológica, Mexico : Siglo Veintiuno.
  • Cukierman, Leila, Gerty Dambury et Françoise Vergès, 2018, Décolonisons les arts !, Paris : L’Arche.
  • De Sousa Santos, Boaventura, 2014, Epistemologies of the South: Justice Against Epistemicide, New York: Routledge.
  • Ferdinand, Malcolm, 2019, Une écologie décoloniale. Penser l’écologie depuis le monde caribéen, Paris: Seuil.
  • Lander, Edgardo, Santiago Castro-Gómez et al., 2011, La colonialidad del saber : eurocentrismo y ciencias sociales. Perspectivas latinoamericanas, 2nde ed., Buenos Aires: Consejo Latinoamericano de Ciencias Sociales (CLASCO).
  • Lugones, Maria, 2010, « Toward a decolonial feminism », Hypatia. Vol. 25, n° 4 : 742-759.
  • Marti, José, 1992. La guerre de Cuba et le destin de l’Amérique latine, Paris : Aubier.
  • Mbembe, Achille, 2016, Politiques de l’inimitié, Paris : La Découverte.2020, Le Brutalisme, Paris : La Découverte.
  • ———————, 2020, Le Brutalisme, Paris : La Découverte.
  • Mignolo, Walter D. et Catherine E. Walsh, 2018, On Decoloniality: Concepts, Analytics, Praxis, Durham: Duke University Press.
  • Naess, Arne, 2017, Ecosophie pour la vie. Introduction à l’écologie profonde, Paris : Seuil.
  • Ndlovu-Gatsheni, Sabelo, 2021, « Le long tournant décolonial dans les études africaines. Défis de la réécriture de l’Afrique », Politique africaine. Vol. 161-162, n° 1-2 : 449-472.
  • Quijano, Anibal et Immanuel Wallerstein, 1992, « Americanity as a concept, or the Americas in the modern world », International Social Science Journal. Vol. 44, n° 4 : 549-557.
  • Sarmiento, Domingo F. et Juan Carlos Casas, 2003, Civilizacion y barbarie en las pampas argentinas, Buenos Aires : Stockero.
  • Sarr, Felwine, 2017, Habiter le monde : essai de politique relationnelle, Montréal : Mémoire d’encrier.
  • Schulz, A Karsten, 2017, « Decolonizing political ecology: ontology, technology, and ‘critical enchantment’», Journal of Political Ecology. Vol. 24, n°1: 125-143.
  • Spivak, Gayatri, 1988, « Can the Subaltern Speak? » in Cary Nelson et Lawrence Grossberg (eds.), Marxism and the Interpretation of Culture, Urbana: University of Illinois Press.
  • Taleb, Mohammed, 2014, L’Ecologie vue du sud : pour un anticapitalisme éthique, spirituel, Paris : Sang de la Terre.
  • Toussaint, Evelyne (dir.), 2021, Postcolonial/Décolonial. La preuve par l’art, Toulouse : Presses universitaires du Midi.
  • Vergès, Françoise, 2019, Un féminisme décolonial, Paris : La Fabrique.
  • Wa’Thiongo, N’Gugi, 1986, Décoloniser l’esprit, Paris : Heinemann Education Books.
  • Zanotti, Laura, Courtney Carothers et al., 2002, « Political ecology and decolonial research in Utqiaġvik », Journal of Political Ecology. Vol 27, n°1: 43-66.
  • Zask, Joelle, 2022, Ecologie et démocratie, Paris : Premier Parallèle.
ONLINE CONFERENCE 

 

Decolonial ecology in the margins of the world

 
DECEMBER 15-16, 2022
NaKaN. Journal of Cultural Studies
In partnership with the University of Mayotte

 

Concerns about environmental degradation play a major role in today’s world, both by considering the future of ecosystems and by an expressed need to shift from the Eurocentric paradigm, since the future of the planet is a collective problem.
That is why the concept of decolonial ecology attempts to reverse this paradigm, while supporting the possibility of collective action to bridge the divide in the way we live together to preserve threatened ecosystems. As a result, Martinican researcher Malcolm Ferdinand has focused on thinking about ecology from the Caribbean world, because “through its Creole imaginaries of resistance and its experiences of (post)colonial struggle, the Caribbean allows for a conceptualization of the ecological crisis associated with the quest for a world freed from slaveries, social violence and political injustices” (Ferdinand 2019: 13). Decolonial ecology is built on the acknowledgement of a double colonial and environmental fracture lodged at the heart of modernity, which has for too long dissociated the ecological question from the colonial problem, ignoring social, political and racial injustices. On the other hand, the various discourses of the colonized have often deconstructed colonial domination without including environmental and animal perspectives. This thesis can, however, be nuanced thanks to the emergence of intellectuals, particularly Africans, who have been reflecting on this double articulation for several years. In this respect, the Senegalese thinker Felwine Sarr, in his essay Habiter le monde (2017), criticizes the destructive policies of the world which, according to the Cameroonian historian and political scientist Achille Mbembe, sometimes take the form of “politics of enmity” (2016), sometimes of “brutalism” (2020). Faced with the warlike and cynical rhetoric of politics, Sarr notes, relationships based on solidarity and reciprocity are developing in the margins. The challenge of today is precisely to build an inclusive world based on new relationships between humans and more positive interactions between humans and the natural world. 
 
The Caribbean, according to Ferdinand, is an interesting arena for thinking about ecology because, through its colonial and slave history and the social, political, and racial subjugation of its people, it is a place of global experience. The Caribbean, a meeting point between indigenous, European, African, and Asian peoples, raises both ecological and social emancipation issues, which allow us to question the ways in which we live together and engage with nature. These foundations of decolonial ecology will serve as a basis for the online conference of the journal Nakan. We propose to broaden Ferdinand’s very definition of the Caribbean by adding the Asian component, before extending this Caribbean perspective to all the margins of the world. Thinking about decolonial ecology is indeed dependent on a process of thought that decompartmentalizes and deconstructs traditional categories while questioning their legitimacy. Indeed, the question of margins considered by poetry – Aimé Césaire, Édouard Glissant, Kenneth White – philosophy – Jacques Derrida, Homi Bhabha, Judith Butler – in relation to the notion of limit has since the twentieth century served to understand the interaction between the human and the natural world and the distinctions between human and non-human. Thus, more broadly, the critical field of decolonial ecology is linked to a whole way of thinking about the limit. The question of the limit invites reflection on the natural environment and its apprehension by subjects situated on the borders of “empires” in the sense of Negri and Hardt (2000). This being the case, this conference opens the reflection to knowledge situated in the margins in terms of spatio-temporality – geographical places, past, present, achrony – and norms – legal, cultural, social, political, ethical. In other words, the ecological experience developed by individuals or groups from (post)colonial geo-cultural areas serves as a starting point for a fundamental understanding of the relationships of continuity and discontinuity between the human and the non-human, while at the same time testing its own categories of analysis.
 
To tackle this conference, dedicated to decolonial ecology in the margins of the world, a few – non-exhaustive – approaches can be considered:
 

1) Geocultural areas

The case of the Caribbean and its cultural proximity to Latin America may help to consider other examples. This relationship, which also raises the question of indigenousness, Amerindian ancestry, and African, European, and Indian métissages in their relationship to the nature that constitutes the Meso-American cosmovision, needs to be articulated to the concepts of decolonial ecology.
With regard to the African space, the crypto-colonial dynamics visible in African studies and the shadow of Eurocentrism are processes combated by the African decolonial rewriting movement in its approach to the natural world. In this spirit, the African and Asian areas could be called upon to serve as a point of comparison and interaction with other geo-cultural areas of the margins, and contribute to questioning the methods, approaches, and paradigms in the development of a political philosophy of the decolonial applied to the understanding of geo-cultural areas.
 

2) Intersectionality

As a transdisciplinary theory capable of understanding the complexity of individual and collective subjectivities through the intersection of the categories of sex/gender, class, race, community, age, disability and sexual orientation, intersectional approaches fit well into the discussion of decolonial ecology and social inequalities.
Moreover, the intersectional approach of decolonial ecology focuses on the reality of the social body of all these categories while paying attention to the specificity of their ecosystem and their historical, socio-cultural, ethical, political and economic dynamics.
 

3) Anthropocene

This concept refers to the geological era of disruption of the earth’s ecosystems by human activities. Therefore, the simple examination of the colonial fact in the geocultural spaces related to this phenomenon and its symbolic consequences – the alienation or coloniality of power or being – could be investigated. Similarly, the investigation could also focus on the combination of the discriminations of the dominated – being black, female, or racialised – with the environmental and theoretical discourse for thinking the ecological. The latter would focus, for example, on developments and/or modes of occupation of the (post)colonial territory and their effects on nature, or on approaches to nature in relation to places of memory, smooth or striated space, etc.
 

4) The migrant subject and migration

These two notions are combined with that of border thinking in the decolonial context that critiques the modernity of the capitalist and colonial world-system. The experience of migrants – undocumented migrants, refugees – is seen in the light of ecology and natural disasters. These lead to population displacements and account for the oppressions and modes of thought relating to these marginalized individuals whose presence undeniably calls for other ways of inhabiting the natural world. In so doing, the epistemological dimension of the migrant’s experience will be seen through his or her own eyes.
 

5) Poetics/aesthetics of the decolonial

This decolonial approach aims first at revealing the different forms of violence at work in the part of European modernity that is intrinsically colonial and that excludes different aesthetics and poetics, which could nevertheless enrich the ways of living and thinking about the natural world in the arts of other humanities that are at odds with the ideologies that proclaim their universalism. On the contrary, decoloniality restores their humanity to the aesthetics and poetics of “subaltern” subjects by listening to their singular voices without erecting them into a totality (Spivak). These plural aesthetics of decoloniality – theoretical or practical – are entangled between several worlds: the different ways – Afropean, Creole, African, Asian – of considering métissage as a principle of creation and understanding of natural modes – fashion, literature, music, cinema, visual arts, dance, etc.
 

CONTRIBUTIONS

In keeping with the spirit of this conference, contributions may take the form of an intervention in one or more disciplinary fields – literary studies, visual and performing arts, philosophy, human and social sciences: history, sociology, anthropology, ethnology, political science and a diversity of related fields.
 
Selection process and timetable
 
  • 15 September 2022: submission of abstracts and bio-bibliographical notes.
Proposals for contributions should include a title and an abstract of no more than 400 words (in French or English). They should be accompanied by a short bio-bibliographical note, of no more than 150 words.

 

  • 15 October 2022: notification of acceptance or rejection of proposals to authors.
  • 15-16 December 2022: Online conference.

CONTACT

Abstract proposals, with a short bio-bibliographical note, should be sent by 15 September 2022 to nakandecolonial@gmail.com
For further information, please send an email to nakanjournal@gmail.com
 

REFERENCES

  • Agawu, Kofi, 2020, L’imagination africaine en musique, Paris: Philarmo.
  • Anzaldúa, Gloria, 1987, Borderlands/La Frontera: The New Mestiza, San Francisco: Aunt Lute.
  • Blanc, Guillaume, 2020, L’invention du colonialisme vert, Paris: Flammarion.
  • Borda, Orlando Fals and Camelio Borrero García, 1991, Acción y conocimiento. Cómo romper el monopolio con investigación-acción participativa, Santa Fe de Bogotá: CINEP.
  • Cardoso, Fernando Henrique and Enzo Faletto, 2007, Dependencia y desarrollo en América Latina. Ensayo de interpretación sociológica, Mexico: Siglo Veintiuno.
  • Cukierman, Leila, Gerty Dambury and Françoise Vergès, 2018, Décolonisons les arts , Paris: L’Arche.
  • De Sousa Santos, Boaventura, 2014, Epistemologies of the South: Justice Against Epistemicide, New York: Routledge.
  • Ferdinand, Malcolm, 2019, Une écologie décoloniale. Penser l’écologie depuis le monde caribéen, Paris: Seuil.
  • Lander, Edgardo, Santiago Castro-Gómez et al., 2011, La colonialidad del saber: eurocentrismo y ciencias sociales. Perspectivas latinoamericanas, 2nde ed., Buenos Aires: Consejo Latinoamericano de Ciencias Sociales (CLASCO).
  • Lugones, Maria, 2010, “Toward a decolonial feminism”, Hypatia. Vol. 25, n° 4: 742-759.
  • Marti, José, 1992. La guerre de Cuba et le destin de l’Amérique latine, Paris: Aubier.
  • Mbembe, Achille, 2016, Politiques de l’inimitié, Paris : La Découverte.2020, Le Brutalisme, Paris: La Découverte.
  • ———————, 2020, Le Brutalisme, Paris: La Découverte.
  • Mignolo, Walter D. and Catherine E. Walsh, 2018, On Decoloniality: Concepts, Analytics, Praxis, Durham: Duke University Press.
  • Naess, Arne, 2017, Ecosophie pour la vie. Introduction à l’écologie profonde, Paris: Seuil.
  • Ndlovu-Gatsheni, Sabelo, 2021, “Le long tournant décolonial dans les études africaines. Défis de la réécriture de l’Afrique”, Politique africaine. Vol. 161-162, n° 1-2: 449-472.
  • Quijano, Anibal and Immanuel Wallerstein, 1992, “Americanity as a concept, or the Americas in the modern world”, International Social Science Journal. Vol. 44, n° 4: 549-557.
  • Sarmiento, Domingo F. and Juan Carlos Casas, 2003, Civilizacion y barbarie en las pampas argentinas, Buenos Aires: Stockero.
  • Sarr, Felwine, 2017, Habiter le monde : essai de politique relationnelle, Montréal: Mémoire d’encrier.
  • Schulz, A Karsten, 2017, “Decolonizing political ecology: ontology, technology, and ‘critical enchantment’”, Journal of Political Ecology. Vol. 24, n°1: 125-143.
  • Spivak, Gayatri, 1988, “Can the Subaltern Speak?” in Cary Nelson et Lawrence Grossberg (eds.), Marxism and the Interpretation of Culture, Urbana: University of Illinois Press.
  • Taleb, Mohammed, 2014, L’Ecologie vue du sud : pour un anticapitalisme éthique, spirituel, Paris: Sang de la Terre.
  • Toussaint, Evelyne (dir.), 2021, Postcolonial/Décolonial. La preuve par l’art, Toulouse: Presses universitaires du Midi.
  • Vergès, Françoise, 2019, Un féminisme décolonial, Paris: La Fabrique.
  • Wa’Thiongo, N’Gugi, 1986, Décoloniser l’esprit, Paris: Heinemann Education Books.
  • Zanotti, Laura, Courtney Carothers et al., 2002, « Political ecology and decolonial research in Utqiaġvik », Journal of Political Ecology. Vol 27, n°1: 43-66.
  • Zask, Joelle, 2022, Ecologie et démocratie, Paris: Premier Parallèle.